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Jeunesse La face cachée de la lune

février 2007 | Le Matricule des Anges n°80 | par Malika Person

Suivre un fil rouge et pénétrer dans le monde intime d’Anne Herbauts. Un album poétique où l’imaginaire tutoie le réel, et aborde des questions existentielles.

De temps en temps est d’abord, par sa structure narrative fragmentaire, un clin d’œil à Georges Perec (ou Joe Brainard ?). « De temps en temps » s’annonce à chaque double page comme un leitmotiv et rythme l’album tel le « tic tac »d’une horloge qui égrène le temps d’une vie qui passe. Anne Herbauts continue son exploration du temps en abordant ici de manière plus explicite des questions métaphysiques, rendant la lecture de cet album difficile aux plus jeunes.
D’entrée, la citation du scientifique américain Richard Feynman (prix Nobel, il a aussi travaillé sur la réversibilité du temps), placée en exergue, donne la tonalité du propos : « Time is what happens when nothing else happens ». Le lecteur a le choix entre méditer cette affirmation ou poursuivre immédiatement le cours de l’ « histoire »et se laisser transporter dans l’univers onirique d’Anne Herbauts. Un univers où l’auteur expérimente la possibilité d’une représentation de l’espace-temps, d’allers-retours entre présent et passé au travers de l’histoire d’une narratrice-auteur-illustratrice en panne d’inspiration qui dit ses sentiments et ses émotions, ses difficultés à créer mais aussi à être.
Le lecteur entre dans l’album comme il entrerait mentalement dans le moi intime d’un tiers. Ainsi que le laissent supposer les deux « n »inversés du prénom de l’auteur imprimés sur la couverture de chacun de ses ouvrages, il faut aller voir de l’autre côté, telle une Alice du pays des merveilles, afin d’y découvrir une face cachée.
Les deux tiers de l’album, consacrés aux réminiscences de l’enfance, à l’euphorie du trop-plein d’inspiration, au bonheur de la clarté des choses, aux doutes, aux déceptions, sont de purs moments de poésie. Les souvenirs resteraient-ils pour ce qu’ils ont de beauté en eux, pour ce qu’ils nous aident à vivre ? L’oubli serait-il plus redoutable ? L’oubli, c’est le vide représenté par une double page blanche. Pas une image. Seul, un aveu laconique est apposé, en bas, dans un angle : « de temps en temps, j’oubliais. »
« Time is what happens when nothing else happens ». Le temps passe lorsque rien ne se passe et fait place au chaos : « arbre./ quand on le prononce, en prenant le temps, il se déplie devant nous, les branches nouées/ s’écartent du tronc, dessinent les racines du ciel et s’éparpillent, vertes et amères, lisses, doigts/ tendus vers une ébauche du vent. débauche de vent et les branches s’agitent, offusquées des/ jupons blancs, de l’écume et des sifflements. ah ! de temps en temps. » Une rupture s’opère dans ce dernier tiers de l’album. Les angoisses existentielles affleurent, le style narratif devient plus frontal : « de temps en temps, je criais pour voir si je savais encore parler. parler en dehors de moi, en dehors de ce couloir qui longe le texte et l’image. peut-être allais-je devenir folle ? je ris. » L’illustration devient vertigineuse : une femme nue, menue, flanquée d’un arrosoir sur la tête et se tenant le ventre de douleur crie (vomit) une masse noire, énorme, qui occupe les deux tiers de la page. Cette secousse tellurique remet les pendules à zéro et instille le doute dans toute chose. Elle pousse à un nouveau voyage, en suivant le fil rouge de cette histoire en boucle…
Anne Herbauts excelle dans la narration poétique. Ses phrases minimales et tout en minuscules sont percutantes. Chez l’auteur, les mots ont un sens et une portée forte. Ainsi de ses illustrations qui n’ont pas de prétention esthétisante. Elles sont des écritures à part entière. Elles ne sont jamais réellement achevées. Les nombreux nuages qui constellent l’album sont comme autant de points de suspension en apesanteur qui ouvrent à un autre imaginaire possible.

De temps en temps
Anne Herbauts
Esperluète éditions
non paginé, 22

La face cachée de la lune Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°80 , février 2007.
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