Le 26 avril 1937, une petite ville du pays basque est pilonnée par l’armée espagnole et rayée de la carte : « 3 heures et 15 minutes d’horreur, 50 tonnes de bombes, 3000 engins incendiaires. » À Paris, Pablo Picasso reçoit la nouvelle comme un électrochoc. Dans l’urgence, il réalise un tableau fresque immortalisant l’extrême violence que suscita chez lui cet événement. Et Picasso peint Guernica relate la vie de l’artiste-peintre avec, en parallèle, l’histoire de la genèse du tableau.
La richesse iconographique de l’album (photographies, reproductions de tableaux et de dessins) permet de mieux comprendre les étapes successives de la création de cette œuvre centrale dans la vie de Picasso et de la replacer dans le contexte plus général de son travail pictural.
Le texte sobre apparaît éclaté dans la page, collant au plus près des images telle une légende. Il suscite une multitude d’interrogations sur l’Histoire et aussi la peinture, la lecture du tableau plus précisément : « Que faut-il croire dans ce que l’on voit ?/ Pour Picasso (…) peindre, ce n’est pas photographier. C’est plus que dire, c’est demander. »
Alain Serres invite à s’emparer pleinement de la force symbolique qu’induit cette toile. Une plongée dans une reproduction de Guernica sur 4 volets propose de mettre tous les sens en éveil. Voir, certes, mais aussi entendre les cris, ressentir la douleur, la tristesse, la colère enfin… que retraduit ce tableau en noir et blanc de près de 8 mètres de long.
Une entrée en matière dans l’univers de l’artiste, côtoyé de très près, très réussie et un manifeste contre toute forme de tyrannie indispensable, voire incontournable.

Et Picasso peint Guernica d’Alain Serres
Rue du Monde, « Pas comme les autres », n.p., 19,80 €