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Revue Derniers corridors

février 2008 | Le Matricule des Anges n°90 | par Dominique Aussenac

Revue des sciences humaines N°287 (dernière oeuvre)

La mort et sa proximité induisent-elles une créativité, une lucidité, une dernière volonté de laisser des traces, ou encore une attitude de renoncement ? Ce numéro de la Revue des Sciences Humaines, sous la conduite de Myriam Boucharenc, intitulé « La dernière œuvre » tente « d’approfondir le secret douloureux ». En douze volets, dernières formulations, textes ultimes, épitaphes, poèmes de guerre, correspondance, dernières séances de psychanalyse sont répertoriés, confrontés, analysés. La focale étant mise sur les œuvres du cinéaste Peter Greenaway, sur Kafka, Proust, Ibsen, Tardieu et Roland Barthes. Dans un florilège de citations surprenantes d’auto-dérision, de subtilité, de vivacité, de pieds de nez et de doutes, Roger Grenier relativise les dernières productions par un « Ai-je encore quelque chose à dire ? » que finalise Joseph Conrad : « Il tint à un cheveu que je n’eusse l’occasion de prononcer ma dernière parole, et je constatai avec humiliation que probablement je n’aurai rien à dire. » Les épitaphes, formes les plus achevées « de ces paroles qui survivent » qu’étudie Sophie Le Ménahèze, étonnent non par la grandiloquence de circonstance, il s’agit du XVIIIe siècle, mais par leur caractère ludique où sarcasmes, humour, mise en boîte abondent. Aucune toutefois n’apporte de réponse à la question « comment finir ? » Plus pathétiques et douloureux les écrits et poèmes des soldats confinés aux portes de l’horreur lors de la Grande Guerre que collecte et analyse Laurence Campa. Le témoignage de l’aspirant Jean Le Roy, ami d’Apollinaire et de Cocteau, démontre que dans les tranchées, sous la mitraille et la vermine, existait une activité littéraire avec des ramifications, quel que soit le grade ou le régiment. Son poème Le Cavalier de frise annonce sa « mort précoce et programmée » : « Féérique danseur de pavane Joue, hussard maigre, aux osselets/ Avec les limpides fusées/ Au clair blanc de la tramontane. »
Le travail colossal réalisé par la revue et ses intervenants porte haut l’estampille universitaire (rigueur des analyses et du collectage) et surprend par sa lisibilité et son humanité (est-ce dû au sujet ?). La lecture est passionnante. Nous évoquerons in fine le travail tendre et amical de Gérard Farasse sur Roland Barthes, qui révélait : « si j’étais écrivain et mort, comme j’aimerais que ma vie se réduisît, par les soins d’un biographe amical et désinvolte, à quelques détails, à quelques goûts, à quelques inflexions, disons : des « biographèmes », dont la distinction et la mobilité pourraient voyager hors de tout destin et venir toucher, à la façon des atomes épicuriens, quelque corps futur. » Tout l’esprit de ce numéro.

Revue des Sciences Humaines N°287, 200 pages, 23
chantal.legrand@univ-lille3.fr

Derniers corridors Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°90 , février 2008.
LMDA papier n°90
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