Que s’est-il passé la nuit du 31 décembre 2000 ? Y a-t-il eu une conjonction de planètes, de causes, d’indices économiques nous faisant changer d’univers en même temps que nous changions de millénaire ? Plus précisément sommes-nous passés d’un monde réfléchi avec des valeurs plutôt démocratiques, peut-être de partage, un combat historique, plus ou moins révolutionnaire, à un monde où la vie ne devenait qu’une absconse marchandise cotée en bourse ?
Osvaldo, psychanalyste de son état, jeté par sa femme qui le juge trop bon, trop égalitaire, se réfugie dans son cabinet, sis dans un immeuble de Lisbonne. En rentrant, au troisième étage, une femme noire, géante, belle, lui offre une coupe de champagne. Déclic ? Toujours est-il que sa relation déontologique s’en retrouvera faussée. Osvaldo décide d’aider physiquement ses clients. Il accompagne ainsi son patient angolais jusqu’au terminal de l’autobus. Ce dernier, victime d’un attentat, ne perçoit plus les conducteurs de couleur et panique. Au milieu d’une nuit, il interviendra dans un appartement pour endormir un bébé qui épuise ses parents. Quant à la géante noire, pris de compassion, il l’aimera. L’histoire chavirera alors côté thriller.
Jusqu’à présent les romans de Lídia Jorge, leurs polyphonies, leurs profondeurs de champ, leurs architectures nous avaient émus. Ce n’est hélas plus le cas ici. Certes, nous épousons la condamnation d’un monde libéral plus ou moins personnifié par le clone de l’insipide Paulo Coelho, mais l’imbroglio narratif ne convainc guère. Il y avait chez Lídia Jorge une telle ambition, une manière de faire chanter les âmes et les corps dont nous sommes orphelins. « Que venait-elle faire la Maserati ici ? Pourquoi son père n’avait-il pas téléphoné avant. Qu’avait-il à lui dire ? »
Nous combattrons l’ombre de Lídia Jorge
Traduit du portugais par Geneviève Leibrich
Métailié, 436 pages, 22 €
Domaine étranger Ombre portée
mars 2008 | Le Matricule des Anges n°91
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Ombre portée
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°91
, mars 2008.