La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine étranger Mouvements de fous

janvier 2009 | Le Matricule des Anges n°99 | par Jean Laurenti

Dans un recueil d’histoires brèves à l’humour délicat, Roberto Alajmo brosse une série de portraits de foldingues empreints d’une bienveillante humanité.

Les Fous de Palerme

Les fous ont sur les individus sensés l’insigne avantage de ne pas tricher : ils se moquent comme de leur première camisole de leur image, des règles de la bienséance ou des critères de la normalité. C’est peut-être pour cela qu’ils exercent une telle fascination sur ceux qui préservent les apparences en ne se livrant qu’en cachette à leurs excentricités.
Roberto Alajmo, écrivain et journaliste né en 1959 et palermitain depuis presque toujours, propose une collection ou plutôt un répertoire de fous, pour citer le titre original : Nuovo repertorio dei pazzi della città di Palermo. « Nuovo », parce que le livre est la refonte augmentée d’un texte paru il y a une quinzaine d’années. Des vies de fous observées par l’auteur ou qui lui ont été rapportées par des témoins et restituées ici sans fioritures, afin que le lecteur puisse y voir « ce qui lui convient ». Cela donne un livre étonnant, empreint d’un charme dont les ressorts reposent sur un incontestable autant que discret savoir-faire.
La cité de Palerme, ville atypique de 700 000 habitants, qui selon Roberto Alajmo tient à la fois de la métropole et du village, offre un cadre de choix aux manifestations de la folie. « A Palerme, le fou a une identité spécifique », explique-t-il dans un entretien. La folie y est cultivée comme un jardin et Alajmo, muni de son carnet de notes, s’est penché par-dessus la clôture. Un geste bizarre qui d’ailleurs amène l’écrivain à s’inscrire lui-même dans le répertoire, à une place de choix : « Le premier faisait collection d’histoires excentriques. Il en trouva une et la mit de côté. Puis il en trouva une autre et ainsi de suite. » Mais il n’y a pas d’ordre dans ce livre, et sûrement pas de hiérarchie. Les fous y sont nobles ou roturiers, ouvriers ou grands bourgeois, lettrés ou analphabètes, timides ou grandiloquents ; les premiers valent les derniers et vice versa. C’est le lecteur qui au fil de sa balade dans cet asile à ciel ouvert fait son marché d’histoires et, va savoir pourquoi, s’arrête sur celle-ci plutôt que sur celle-là : « Un autre, Totuccio dit le Sénateur, tenait des meetings devant l’Extrabar. Il était petit et frisé, et portait un imperméable beige. Il tenait des meetings de droite, mais confus. À tel point que les vrais fascistes se sentirent ridiculisés et délaissèrent l’endroit où ils se réunissaient d’habitude. » Ou encore sur celle-ci où, comme certain gouvernement, le fou se voudrait réformateur du dimanche : « Un autre était ingénieur. Il avait inventé le Nouveau Calendrier Laïc du Manager. Selon ce calendrier, l’année était composée de treize mois, et chaque mois commençait un dimanche. Il le proposait à toutes les entreprises, en soutenant qu’elles en tireraient des avantages économiques certains. Toutefois, aucune n’accepta jamais de l’adopter. »
Dans certaines histoires, le fou crache sur les passants, insulte des gamins, court d’une poubelle à l’autre, déchire des bouts de papier en fragments toujours plus petits ou bien sort prendre l’air sans prévenir : « Un autre, le professeur Ascoli, était un médecin de renom. Quand il était confronté à un cas clinique particulièrement délicat, il lui arrivait d’interrompre une consultation, de laisser le patient en caleçon dans son bureau et d’aller faire un tour à vélo pour mieux réfléchir. Puis, il revenait et ne se trompait jamais de diagnostic. »
Mais l’histoire peut aussi être un hommage discret rendu aux juges Falcone et Borsellino, assassinés à Palerme par la Mafia : « Deux autres, nés dans le quartier de la place Magione, voulurent devenir juges. Puis, l’un des deux fut tué et l’autre ne lui survécut que cinquante-six jours. »

Les Fous de Palerme
Histoires courtes, excentriques et illustrées

Roberto Alajmo Dessins de Paul Ladouce
Traduit de l’italien par Danièle Valin
Rivages, 176 pages, 16

Mouvements de fous Par Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°99 , janvier 2009.
LMDA papier n°99
6,50 
LMDA PDF n°99
4,00