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Intemporels L’or des rêves

février 2009 | Le Matricule des Anges n°100 | par Didier Garcia

L’odyssée de B. Traven abandonne trois gringos, en quête d’une vie meilleure, dans les montagnes mexicaines. Un roman haletant.

Le Trésor de la Sierra Madre

À l’instar d’un Thomas Pynchon ou d’un Isidore Ducasse, B. Traven a de quoi étourdir les biographes les plus zélés. Impossible, déjà, d’affirmer quand il est né - la date de 1890, figurant dans un testament rédigé quinze jours avant sa mort (1969), reste sujette à caution, et d’autant plus douteuse qu’il s’y présente comme un Américain d’origine. Il semble pourtant avoir vécu un temps en Allemagne sous le nom de Ret Marut, et y avoir été condamné à mort, en 1919, pour ses activités anarchistes. En 1924, après s’être évadé et avoir trouvé refuge dans divers pays d’Europe, il parvient à s’exiler au Mexique. C’est outre-Atlantique qu’il entame cette œuvre qui lui vaudra un succès international, d’abord avec Le Vaisseau des morts, ensuite avec Le Trésor de la Sierra Madre, que John Huston portera à l’écran en 1948, avec Humphrey Bogart dans le rôle principal (lors du tournage, Huston aurait d’ailleurs engagé un certain Hal Croves, qui se prétendait être l’agent de Traven, à moins qu’il ne se fût agi de Traven lui-même). Cette « énigme littéraire » n’a sans doute pas fini de faire parler d’elle : même si la BNF affirme qu’il est « connu sous une trentaine de fausses identités et une demi-douzaine de feintes nationalités », on ignore encore quel mot se cache derrière l’initiale B.
Publié en 1927 en langue allemande, Le Trésor de la Sierra Madre fut traduit en anglais en 1934, avant que Traven n’en propose une nouvelle traduction, enrichie de maints détails sur les Mexicains, qu’il côtoyait depuis quelques années. Alors que les versions françaises s’appuyaient sur le texte allemand, cette dernière traduction donne donc à lire l’intégralité du chef-d’œuvre de Traven.
Au début du roman, la planète ne vit plus que pour le pétrole : la découverte des gisements pétrolifères est une véritable manne pour ceux qui n’hésitent pas à exploiter les plus démunis, à commencer par les Indiens, et ceux qui vivent de petits boulots. Lassés de servir de chair à canon pour ces exploitants peu scrupuleux, trois misérables, capables de tout et surtout du pire, décident d’unir leurs forces pour chercher de l’or dans la Sierra Madre (chaîne montagneuse du nord du Mexique), risquant ainsi de connaître « l’éternelle malédiction de l’or qui change en un instant l’âme de l’homme ». Qu’à cela ne tienne : les voilà partis, et bientôt installés dans leur campement rudimentaire, travaillant comme des forcenés, fouillant la terre 18 heures durant, dans un décor qui compte suffisamment de bestioles pour vous pourrir l’existence jour et nuit, si vous n’êtes pas déjà tombé aux mains des bandits ou à celles de la police.
Une intrigue truffée d’histoires rapportées
Pour le lecteur, peu importe qu’ils parviennent ou non à leur fin, que le gain soit illusoire ou réel, et que leur rêve soit accessible. Rapidement, le mal est fait : on est condamné à poursuivre, à suivre leur épopée jusqu’au bout. Et c’est tant mieux, car quelle que soit l’issue de cette odyssée, elle ramène le lecteur dans ses lectures d’enfance, celles de Stevenson en particulier, mais aussi celles de Curwood, de London, ou encore de Fenimore Cooper : il y a la perspective de l’or, qui autorise les rêves les plus fous, le parfum de l’aventure dans un décor inhospitalier, ces bandits sans foi ni loi, qui vous tuent un homme pour quelques pesos, la proximité des Indiens, tapis on ne sait trop où, et la cupidité de chacun, capables de trahir son propre frère pour quelque pépite… C’est assez d’ingrédients pour combler un lecteur.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Traven ne manque pas de talent pour faire progresser son roman d’aventures (ce que l’on pourra aisément constater ailleurs, par exemple dans La Révolte des pendus, consacré aux Indiens du Chiapas). Traven n’hésite pas, en effet, à truffer son intrigue d’histoires rapportées par ses protagonistes, des histoires bien sûr liées à la quête de l’or, qui ont circulé de bouche en bouche, et qui tiennent toutes de l’apologue, même si elles relèvent aussi bien du fait divers que de la légende. On les découvre abandonnées en des points stratégiques du roman, précisément lorsque le narrateur est sur le point de relater un événement capital, que l’on devine capable d’infléchir durablement le cours de l’intrigue. Rien de mieux pour tenir en haleine un lecteur contraint de ronger son frein pendant une dizaine de pages…
Le Trésor de la Sierra Madre est de ces romans qui ne laissent aucun répit : on le dévore de bout en bout, d’abord parce que la narration pousse sans cesse à aller de l’avant, ensuite parce que l’on y retrouve Traven, toujours soucieux de défendre les opprimés et de montrer qu’il existe une place sur terre pour ceux qui forcent le destin. Un espoir bien mince comparé aux mines d’or, mais qui vaut bien ces trésors beaucoup moins accessibles.

Le Trésor de la Sierra Madre de B. Traven
Traduit de l’américain par Paul Jimenes
Sillage, 320 pages, 19,50

L’or des rêves Par Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°100 , février 2009.
LMDA PDF n°100
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