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Domaine étranger Rongés au mythe

juin 2009 | Le Matricule des Anges n°104 | par Gilles Magniont

L’étui à violoncelle s’ouvre, sur la doublure de velours d’un rouge vineux repose une mitraillette toute neuve «  : ce sont les premiers mots de Chicago-Ballade, étude extraite du recueil Politique et crime, publié en Allemagne en 1964. L’image vous dit quelque chose ? Pas étonnant : rien de mieux partagé que l’esthétique du gangstérisme, romantisme brutal qui nourrit tant d’œuvres depuis des décennies. À en croire Hans Magnus Enzensberg, voilà bien le seul mythe qu’a su forger notre monde industriel. Revenons aux sources : 1920-1933, l’âge de la prohibition américaine, où quelques hommes, attachés à l’ordre social, la famille, la propriété privée, sauront répondre à la grande loi de l’offre et la demande, c’est-à-dire rationaliser la production et distribution d’alcool, en tenant politiques et polices par les couilles. On les nomme aussi gangsters ; leur terrain d’élection est Chicago, où le fameux Capone administre la guerre des gangs, laquelle est » aussi pleine d’enseignements et aussi ennuyeuse que celle du secteur de l’alimentation dans n’importe quelle ville de province ; c’est un thème pour dissertation d’économie politique. Ses personnages sont très moyens ; le fait qu’ils aient eu recours à des mitrailleuses au lieu de traites ne les grandit pas « . Ce qu’ils ont de singulier, toutefois : ces hommes d’affaires du Nouveau Monde sont aussi des immigrants, c’est-à-dire issus d’une nuit des temps exotique et féodale, passé précapitaliste où s’entrechoquent pourboires fabuleux et code de l’honneur très obscur. Un » ordre plus ancien et plus barbare « que la société américaine accueillit néanmoins avec ferveur : c’est qu’elle était » prête pour la régression « des mitrailleuses, au même titre peut être que nous le fûmes pour celle des fascismes. Rapprochement intrigant, n’est-il pas ? Pour trois euros, aucune raison de se priver de la prose lapidaire et inquiète d’Enzensberg, quelque part » entre le roman-feuilleton et la philosophie ".


Chicago-Ballade de Hans Magnus Enzensberg - traduit de l’allemand par Lily Jumel, Allia, 94 pages, 3

Rongés au mythe Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°104 , juin 2009.
LMDA papier n°104
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