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Textes & images Vaillants polygraphes

janvier 2010 | Le Matricule des Anges n°109 | par Gilles Magniont

Thierry Smolderen trousse une éblouissante archéologie du 9e art entre peinture religieuse, dessins d’enfant et romans comiques.

Naissances de la Bande Dessinée

Ces dernières années, la floraison de formes non répertoriées pas de bulles, trop de pages, des techniques composites… a fait la fortune de l’appellation « roman graphique », qui semble suggérer l’émergence d’un nouvel art venu excéder une production bornée. Erreur de perspective : si la BD est souvent apparue au XXe siècle comme un univers stable, et Tintin son modèle esthétique indépassable, c’est en oubliant combien, aux origines, elle fut poreuse sur ses bords. Thierry Smolderen s’attache à ces Naissances de la bande dessinée : de larges reproductions appuient une analyse très serrée, les panoramiques succèdent aux incursions plus monographiques, et l’ensemble est tout bonnement passionnant.
Tout commence à Londres, avec le peintre-graveur William Hogarth, et six estampes qui narrent La Carrière d’une courtisane (Harlot’s Progress, 1732). Voyez la première : la prostituée provinciale débarque à la capitale. À sa droite une maquerelle, à sa gauche un homme d’église : rien d’original à ce combat allégorique entre vice et vertu, tout-venant des images édifiantes. Sauf qu’ici l’homme d’église regarde ailleurs : aucun choix alors pour la provinciale, qui dans ce monde-là ne pourra qu’atterrir dans le lit du libertin (lequel se tripote à l’arrière-plan) : « Hogart s’approprie le droit de raconter une vie actuelle (…) en s’affranchissant ironiquement des structures rhétoriques d’inspiration religieuse » à l’heure où certains romans, tel Tristram Shandy, explorent cet art du détournement. Et de l’arabesque : ici le lecteur doit enquêter, se perdre parmi le grouillement des détails… comme presque deux siècles plus tard dans les compositions fluides de Winsor McCay, « dernier baroque » dont les planches ont des airs de parc d’attractions, « tout en lignes serpentines, en débordement de cases, en architectures flamboyantes ».
Le très grand mérite de Smolderen est de rendre ces techniques (et parfois l’absence de technique) à des « enjeux de pensée ». Principalement, ces hommes avaient quelque compte à régler avec l’esprit positif du temps. Quand ils doivent s’adapter, à l’ère de la reproduction industrielle, aux périodiques illustrés ; quand ils ridiculisent la prétention à l’objectivité de la photographie ; quand ils rivalisent avec le cinématographe ; et bien sûr quand un contempteur du stupide progrès, Rodolphe Töpffer (1799-1846), souvent considéré comme le premier théoricien de la bande dessinée, gribouille de petites choses artisanales. Ne voulant rien devoir à l’académisme non plus qu’à l’imitation, maladroits, enfantins, spontanés, ses livres expriment l’individu et sa chaleureuse individualité ; Töppfer le dit lui-même, quand, décrivant une partition de Grandville où s’agitent des figures minimales, il souligne que la soustraction ne mène pas à l’abstraction : « voici supprimés la couleur, la forme, le trait ; bien plus, voici supprimés le visage, le corps, les pieds avec quoi l’on danse, la tête avec quoi l’on salue, et pourtant ces drôles saluent, dansent, tirent des bottes que c’en est un plaisir ».

Naissances de la bande dessinée. De William Hogarth à Winsor McCay de Thierry Smolderen, Les Impressions nouvelles, 144 pages, 29,50

Vaillants polygraphes Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°109 , janvier 2010.
LMDA papier n°109
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LMDA PDF n°109
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