Ecritures contemporaines N°10
La dernière livraison de la revue Écritures contemporaines se penche sur les nouvelles écritures littéraires de l’histoire. Si la littérature ne semble jamais totalement s’en être écartée, y compris dans des mouvements tel que le Nouveau Roman, où elle se trouble et s’abstrait presque, les années 80 marquent ce que Kibedi Varga a appelé une forte renarrativation des récits historiques. Le Nom de la rose (Umberto Eco, 1980), L’Acacia (Claude Simon, 1989) ou encore, antérieur de presque vingt ans, La Route des Flandres, en témoignent. Parallèlement à la remise en question de l’apport de l’École des Annales (de Marcel Gauchet à Pierre Nora ou Georges Duby…), à l’évolution critique des sciences humaines, aux réflexions de penseurs tels que Blanchot, Bataille ou Foucault, la littérature « revient elle-même visiter », entre autres, « les continents oubliés de l’écriture biographique » (Dominique Viart). Songeons à Pascal Quignard, Claude Louis-Combet, Pierre Michon, Michel Chaillou ou Christian Garcin et ses Vidas. Ce panorama, étendu des conséquences de la Grande Guerre (de Barbusse à Semprun) à ce qu’il resterait des utopies, ou de leur suspension (Volodine), en passant par la guerre d’Algérie (Koltès, Bertina), l’histoire politique du roman noir (de Simenon à Manchette, ou Daeninckx), réussit ainsi à éclairer comment les histoires « minuscules » de la littérature renouvellent les lectures stratifiées de la grande Histoire.
Écritures contemporainesN°10, sous la direction de Dominique Viart, 368 pages, 18 €
éditions Lettres Modernes Minard