Cette première anthologie, court choix sur une vingtaine de livres des poèmes les plus représentatifs de la poésie de Slavko Mihalic (1928-2007), donne à lire ce que l’on a appelé le tournant croate. Face à l’enthousiasme que le titisme de l’après-guerre put produire dans les rangs de l’intelligentsia, Mihalic apparaît plutôt comme un existentialiste sobre, à la lyrique critique, mais dont les événements tragiques de l’histoire ne manquent pas de marquer sa mélancolie. Il n’y aurait qu’à chercher quel lien existe entre le très émouvant Jardin aux pommes noires (1972) – « Nous ne sommes même plus entre nous/ dans la chute abrupte à travers les couches du réel/ nous prononçons nos saluts grossiers// Pas une lampe ne s’est éteinte/ même s’il n’y avait plus aucune lumière » – et L’Homme à la lampe (1993), écrit en pleine guerre serbo-croate : « L’homme qui descend/ l’escalier (…)/ lève la main avec la lampe/ en vain puisqu’il n’y a pas une goutte d’huile, quel/ sens pouvait avoir l’accumulation de la neige,/ les images disparaissent, à présent on voit – ».
E. L.
Le Jardin aux pommes noires
Slavko Mihalic
Traduit du croate par Vanda Miksic
Éditions L’Ollave, 60 pages, 15 €
Poésie Le Jardin aux pommes noires
janvier 2013 | Le Matricule des Anges n°139
| par
Emmanuel Laugier
Un livre
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°139
, janvier 2013.