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Domaine français La Nuit de Walenhammes

juin 2015 | Le Matricule des Anges n°164 | par Chloé Brendlé

La Nuit de Walenhammes

Drôle de roman que La Nuit de Walenhammes, qui nous embarque dans une ville imaginaire du Nord de la France, où se croisent des entrepreneurs peu scrupuleux, un groupe de Pieds nickelés vêtus de noir, un intellectuel précaire en reportage, une famille franco-turco-polonaise. Après L’Art français de la guerre (2011), Alexis Jenni s’essaie à la fresque d’une région sinistrée, lentement reconvertie en « usine à gens », notamment sous la forme d’une « ferme de données ». À la place du grand soir, c’est un carnaval qu’il dépeint, dans lequel défilent les figures rabelaisiennes de géants, mais aussi le Joker de Gotham City et ses gaz hilarants, ou les pompiers incendiaires de Ray Bradbury. Décor inconsistant de carton-pâte ou juste caricature des ravages en cours du capitalisme ? Si certaines scènes sont plutôt réussies (telle l’attaque au paint-ball du supermarché, ou l’entretien littéralement sanglant d’embauche dans une usine à viande), et que la narration s’efforce ambitieusement de lier le destin de Walenhammes à plusieurs zones du monde symboles des apocalypses libérales, comme Ciudad Juárez au Mexique ou Dacca au Bangladesh, l’ensemble pâtit de tonalités très disparates, et d’un didactisme pompeux. Ne tranchant pas entre les régimes de l’essai, du roman et du pamphlet, oscillant entre un semblant d’enquête, une histoire d’amour et de multiples saynètes, l’auteur prend le risque de lasser son lecteur et de desservir son enjeu politique. Les cascades d’imparfaits et de démonstratifs des vignettes descriptives, qu’il place parfois dans la bouche de ses personnages, nous plongent de surcroît dans un imaginaire littéraire plus proche de Zola que d’un François Bon, et contribuent à déréaliser sa matière. Pire, la langue pontifie – rien qui bégaie, qui décolle vraiment de cette « colle collective » des discours décriés, qui déjoue le flux des slogans. Peut-être parce qu’au fond, il manque des gens et des corps, que les personnages-pantins n’arrivent pas à incarner, et parce que les ombres indifférenciées des ouvriers, des prostituées et des clandestins, ne parviennent pas plus à susciter du collectif qu’à faire émerger des individus.

Chloé Brendlé

La Nuit de Walenhammes
Alexis Jenni
Gallimard, 408 pages, 21

Le Matricule des Anges n°164 , juin 2015.
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