Vagabondes : Les écoles de préservation pour les jeunes filles de Cadillac, Doullens et Clermont
Le projet de ce livre sur les écoles de préservation pour jeunes filles telles qu’elles existèrent entre 1929 et 1931 en France, est né lorsque L’Arachnéen préparait l’édition des Œuvres du grand penseur de l’enfance autiste, Fernand Deligny. Ce nouvel opus éclaire la façon dont l’administration pénitentiaire a répondu, avec une méticulosité obsessionnelle, à une délinquance mineure féminine, dont personne n’avait jamais témoigné. Structuré en deux parties (« Récit » alternant photographies et témoignages des surveillantes, des directeurs d’établissements, etc., et « Archives » chronologiques des jugements de l’administration), Vagabondes se clôt par une étude de Sophie Mendelsohn sur le cas de trois écoles (à Cadillac, Doullens, Clermont), et, in fine, sur les documents relatifs à la révolte qui eut lieu dbondans celle de Clermont (Oise). Si cette révolte fut l’indice de l’inadéquation d’un système qui, de la ségrégation sexuelle qu’il créa, allait s’effondrer, elle révélait surtout que sous les mots de « relèvement » et de « préservation », ces écoles logeaient toute une politique régressive, paternaliste, autoritaire, rétrograde et destructrice. Les récits donnés, où toute une intimité se dit, comme les images exposées, montrent la violence de cet ordre carcéral caché. Vagabondes est le remarquable témoignage de cette histoire enfouie qui voulut que la norme dictée s’intériorise dans ces corps de femmes, et permit à la brutalité de la sanction de s’exprimer ouvertement lorsque ceux-ci la rejetaient.
E. L.
VAGABONDES
Texte de Sophie Mendelsohn, photographies du studio Henri Manuel (1929-1931)
Éditions L’Arachnéen, 200 pages, 25 e