Voici six micro-fictions proposées par une génération d’écrivains coréens ayant déjà publié romans et recueils de nouvelles. Trois femmes, trois hommes, nés entre les années soixante-dix et quatre-vingt. Leurs écrits surprennent par la subtilité et la finesse de leur construction. Un travail d’écriture qui laisse à la fois une impression de légèreté et de profondeur extrême. Tradition et modernité apparaissent ici plutôt complémentaires. Moins polémiques, moins politiques que leurs prédécesseurs, les Hwang Sok-yong, Choi In-seok ou Lee Seung-U, ils évoquent la solitude, la perte de l’amour, la mélancolie et engendrent un rapport au corps, aux matières organiques très prégnant. Le Tombeau de crabes de Kwon Ji-ye, la plus âgée, relate la rencontre au bord de la mer d’une jeune femme souhaitant se noyer et d’un correcteur de textes. Une idylle commence. Mais l’homme est surpris, décontenancé par le goût effréné pour les crabes en marinade de sa compagne. « – Mais alors… L’âme des crabes et des poissons qui se nourrissent de la chair des noyés ? Et celle des gens qui les mangent ? » Les Aiguilles de Cheon Un-yeong, née en 1971, décrit comment une jeune femme assez repoussante, un brin épileptique tatoue le corps des hommes. Sa mère s’accuse du meurtre d’un moine bouddhiste, puis est acquittée faute d’éléments. Sa fille retrouvera une boîte d’aiguilles dont les pointes furent coupées et ingérées par le religieux. Ta métamorphose de Kim Yi-hwan évoque un couple de jeunes homosexuels. L’un d’entre eux n’est pas satisfait de son corps. D’opérations esthétiques en expériences scientifiques, il finira sous forme de cellule fluorescente. D’autres textes décrivent la thérapie par la lecture, la puissance des livres… De superbes pépites.
Dominique Aussenac
Histoires insolites de Corée, Collectif
Traduites du coréen par Kim Jeong-yeon et Suzanne Salinas, Decrescenzo éditeurs,
224 pages, 15 €
Domaine étranger Histoires insolites de Corée
mars 2017 | Le Matricule des Anges n°181
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Le Matricule des Anges n°181
, mars 2017.