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Poésie À l’aube des traversées

avril 2017 | Le Matricule des Anges n°182 | par Emmanuelle Rodrigues

Poète et romancier (Les Immortelles, L’Ombre animale), Makenzy Orcel puise de l’ombre de son pays, Haïti, des rêves funambules.

Né en 1983, Makenzy Orcel a grandi dans un quartier très pauvre d’Haïti. Il reconnaît lui-même sa forte appartenance à l’île des Caraïbes souvent meurtrie par les catastrophes, mais toujours chantée par ses poètes. Ainsi qu’il le déclare également, être écrivain requiert avant tout de s’intéresser à la langue. C’est bien ce qui retient l’attention du lecteur de Caverne : la voix qui s’élève ici, profère son effroi contre ce qui tente de l’annihiler, et résiste aux menaces du chaos, de la perte, de l’oubli. Aussi, à l’instar du mythique Orphée, la bouche qui parle ici est-elle traversée par les remous que charrient les eaux contraires de la vie et de la mort.
Fleuves, mais aussi mer où surgit ce « bateau-carton », et sang, se mêlent au fil des pages pour narrer cette confrontation aux termes contradictoires de l’écriture, à la fois espoir de désaliénation et impossible dénégation de nos plus fortes pulsions. Le corps est-il le lieu même de cet assujettissement et malgré tout le moyen par lequel s’en libérer. D’un poème à l’autre, se retrouve ce leitmotiv d’une délivrance par l’imaginaire, terre ensanglantée et tout à la fois, fécondée. Il y a ici un désir de contrer la mort sur son propre terrain, et de lui arracher ses « fleurs du mal ». Le chant porte son lot de beauté, si et seulement si éclate l’illusoire évidence du réel : « quand les mots s’empiffraient de rôles / exhibaient leur plate beauté / il arriva que l’oiseau devenu cendre / était posé sur ton épaule ». La liberté d’écrire, fragile et précaire, suppose, dit encore le poète, de se « jeter dans la forêt du poème / ses méandres ses particules / sa totalité la plus absolue / histoire de prendre racine ». Écrire, c’est aussi proférer une parole qui donne toujours à voir et à pressentir. C’est ici le cas d’une poésie fortement métaphorique, voire allégorique. L’expérience du dire rejoint celle de l’être. Le plus enfoui, et le plus profond, à l’image de cette caverne, tout autant matrice, révèle alors son obscure clarté. « La poésie, selon Makenzy Orcel, est une manière de se rapprocher de l’inconnu », et ajoute-t-il dans la note d’intention qui figure sur la quatrième de couverture, Caverne constitue « une descente dans mes zones existentielles les plus reculées ». En recréant la langue comme il le fait, l’auteur haïtien communique cette exigence poétique d’une « quête de sens », et dit-il, « de quintessence ». Le langage qui est le sien, lui permet de tisser une seule et même métaphore où la poésie est le motif récurrent. C’est là l’exploration ininterrompue d’un certain lyrisme, grâce auquel l’être humain triomphe ici de n’être plus seul et partage son chant et sa douleur.

Emmanuelle Rodrigues

Caverne, de Makenzy Orcel
Éditions La Contre allée, 40 pages, 10

À l’aube des traversées Par Emmanuelle Rodrigues
Le Matricule des Anges n°182 , avril 2017.
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