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Domaine étranger Paris-austerlitz de Rafael Chirbes

octobre 2017 | Le Matricule des Anges n°187 | par Martine Laval

Roman d’amour – ou plutôt mise à nu de l’amour – Paris-Austerlitz, texte posthume de l’Espagnol Rafael Chirbes a l’art de mettre le lecteur K.-O., à bout de souffle, exsangue, inapte à toute autre lecture pour un bon moment. Tant de passion, de douleur, de solitude, en si peu de pages au rythme surchauffé, comme un SOS de désespoir, comme s’il y avait urgence totale alors que ce texte fut écrit sur une vingtaine d’années, entre 1996 et 2015, et achevé peu de temps avant la mort de l’auteur. Deux décennies pendant lesquelles Chirbes, pour qui « écrire c’est bêcher le langage  » a publié des romans radicaux sinon testamentaires sur l’amnésie de l’après-Franco, l’affairisme, la trahison des idéaux de toute une génération, la sienne. En secret, sans peut-être oser le publier de son vivant, Chirbes portait donc en lui cette histoire d’amour, crue et poétique, cruelle et magique, un brûlot sur le désir, le sexe, quand deux hommes « se bouffent  » de passion : « Lucrèce le dit : les amants veulent se bouffer l’un l’autre. Ils croient que c’est possible. Ils deviennent fous. » Puis les amants se délaissent, se déchirent, s’éloignent. Le narrateur, jeune artiste peintre en devenir, fuit Madrid, sa famille autoritaire et puritaine, débarque à Paris, ville symbole de la liberté, et vit une liaison explosive avec un ouvrier de trente ans son aîné. Soudés par une folie des corps, l’alcool à n’en plus finir, des jeux extrêmes, tout pourtant les sépare – l’âge, la classe sociale, l’ambition. L’amour est un piège, un cachot où l’on meurt à petit feu, étouffé, paralysé, semble penser Rafael Chirbes. L’amour est déchéance. N’empêche, l’auteur de Crémation, hanté par cette histoire fantomatique, démoniaque, lui offre ses plus belles pages : «  Quand il parlait, je regardais ses lèvres et je le désirais, j’étais hypnotisé. »
Face à une décadence inéluctable, Rafael Chirbes, poète des bas-fonds comme le fut Jean Genet, maudit le monde et ne cesse de croire en la vie : « A quelle rhétorique pouvons-nous nous raccrocher qui réenchanterait pour nous cette fin du vingtième siècle ? Qui fera pousser de la poésie là-dessus ? »

Martine Laval

Paris-austerlitz de Rafael Chirbes
Traduit de l’espagnol par Denise Laroutis, Rivages, 180 pages, 20

Paris-austerlitz de Rafael Chirbes Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°187 , octobre 2017.
LMDA papier n°187
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LMDA PDF n°187
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