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Poésie Parole de paix

mai 2018 | Le Matricule des Anges n°193 | par Emmanuelle Rodrigues

Figure majeure de la poésie israélienne, à l’engagement politique notoire, Dahlia Ravikovitch révèle une voix profondément mélancolique.

Même pour des milliers d’années

Considérée dans son pays à l’égal de Leah Goldberg, ou encore de Yehuda Amichaï, Dahlia Ravikovitch est peu connue en France et pourtant traduite dans plus d’une vingtaine de langues. Enseignante et journaliste, elle-même traductrice de Yeats, Poe, Eliott, elle a été, sa vie durant, en 2005 elle décède brutalement, une militante pour la paix. Telle qu’on peut découvrir cette anthologie composée de poèmes inédits, remarquablement traduits par Michel Eckhard Elial, la vie y est célébrée, et plus encore, au cœur de celle-ci, une lucidité certaine en ce qu’elle donne assez de force, et de courage, pour affronter son propre malheur, et d’une même voix questionner « l’humaine souffrance », notamment celle que les êtres humains s’infligent entre eux, par le crime, et l’injustice. Ainsi, écrit-elle, « Qui veut partager la lumière / la lumière est à lui » et encore, « La douleur de grandir / est plus forte que celle de flétrir ».
Née en 1936 à Ramat Gan, non loin de Tel-Aviv, Dahlia Ravikovitch, très tôt orpheline, part vivre avec sa mère dans un kibboutz, et découvre rapidement sa vocation poétique. Dès l’âge de 23 ans, elle publie son premier recueil, L’Amour d’une orange, aussitôt reconnu. Son œuvre s’enrichira de neuf autres livres, inscrivant sa parole dans un paysage mental imprégné de références bibliques. Naissant de la convergence d’un monde naturel et quotidien, l’univers singulier de Dahlia Ravikovitch est, pourrait-on dire, porteur de tout un symbolisme mais surtout d’une vision cosmique du vivant. Ainsi, l’acte d’écrire procède-t-il de cette matrice verbale, sorte de liquide amniotique où la parole jaillit d’une « obscure matière ». La menace d’un monde sans langage ne laisserait-elle pas entrevoir ce chaos primordial, comme inéluctable ? Vision tragique dès lors que cette traversée de la vie, et nécessité vitale que de tenter d’en dire le sens : « Il est difficile de comprendre pourquoi / la maison est chauffée mais reste froide. »
La parole de Dahlia Ravikovitch apostrophe parfois le lecteur avec douceur et l’invite à s’ouvrir à cette part sensible du réel : « Narcisse était si amoureux de son image / Idiot celui qui ne comprend pas qu’il aimait aussi la rivière. » Ce n’est pas sans prendre acte des choses humaines, que cette voix s’élève car il lui revient de pacifier la part d’angoisse et de terreur de nos existences fragiles : « douloureux à nouveau, ce qui est devant toi : / un rivage de mer sans navires. ». Aussi Dahlia Ravikovitch n’a-t-elle pas hésité à dénoncer la violence des événements impliquant son pays. Ainsi, par exemple, n’a-t-elle pas éludé les massacres perpétrés à l’encontre des Palestiniens, dans les camps de Sabra et Chatila, en 1982, ce « temps de guerre » qui persécute jusqu’aux enfants.

Emmanuelle Rodrigues

Même pour des milliers d’années,
de Dahlia Ravikovitch, traduit de l’hébreu par Michel Eckhard Elial,
postface Sabine Huynh,
Bruno Doucey, 120 pages, 14,50

Parole de paix Par Emmanuelle Rodrigues
Le Matricule des Anges n°193 , mai 2018.
LMDA papier n°193
6,50 
LMDA PDF n°193
4,00