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Dossier Bertrand Belin
Fable pour des temps nouveaux

janvier 2019 | Le Matricule des Anges n°199 | par Thierry Guichard

Dans ce roman énigmatique où de grands fauves échappés d’un cirque font peser sur une ville la menace invisible du désordre, Bertrand Belin joue magistralement avec la langue. Et notre plaisir.

De premier qui s’avance et traverse la porte-tunnel qui tient lieu d’entrée et de sortie de ville, c’est « le récemment promu ». Individualiste bedonnant, il se rend à l’exposition de peintures de son frère détesté. C’est un capitaine d’industrie de province qui, à force de courbettes et de coups de gueule est parvenu à prendre la direction de « l’entreprise de boulons, ressorts, clous, roues dentées et minuscules pièces mécaniques ». Promotion à laquelle il ne manque que le départ prochain du vieux fondateur pour être réellement effective. Bref, cet homme-là avec lequel on entre dans le roman, a une haute opinion de lui-même à hauteur du mépris qu’il nourrit pour son cadet. Le voici, page 11, franchissant la porte-tunnel alors qu’y pénètre, en sens inverse, une caravane jaune et rouge de cages et remorques : c’est le cirque qui arrive en ville comme chaque année à la même époque. Autant dire : des bêtes en cage, des gens qui s’en occupent et qui sont à peine plus que des bêtes. La caméra de l’écriture laisse passer le convoi, s’arrête un instant sur les étrons verdâtres que les chevaux ont abandonnés sur la chaussée et reprend le fil des pensées acariâtres du récemment promu, fier défenseur de l’Empire, venu jeter son venin méprisant sur les toiles que son frère expose au Grand-Hôtel.
Mais le cirque est entré, et avec lui ces grands carnivores qui n’appartiennent pas plus à l’Empire qu’au monde des humains, animaux tenus en cage pour qu’on puisse venir se confronter sans risque à l’altérité sauvage du règne animal. La caméra de l’écriture retrouve un peu plus loin le cirque dont le chapiteau a été monté à proximité de l’ancien port et de son abattoir, non loin du quartier populaire qu’on appelle ici « le Labyrinthe » tant il semble facile de s’y perdre, la nuit, quand les estaminets ont fermé leur porte et que l’alcool court à vitesse folle folle folle dans les veines des prolétaires et ouvriers, femmes de la nuit et dompteur du cirque qui, côté boissons, ne s’en laisse pas compter. Ce que la caméra de l’écriture ne montre pas, ce sont les fauves : lions ou tigres, ils restent à la marge du récit. On ne les voit pas. Et pour cause : le valet de cage qui s’en occupe, constate, durant la nuit, que les cages sont ouvertes et qu’elles sont vides. Effarement et culpabilité : le valet de cage ressasse comme dans une litanie d’alcoolique les gestes qu’il fait chaque jour, qu’il dit avoir fait ce soir-là et qui l’exonèrent de toute faute. Sa langue bute sans cesse sur le moment où la catastrophe est devenue réalité alors que la rumeur des fauves en liberté s’étend sur la ville et que chacun accueille dans ses pensées la possibilité d’être, d’ici peu, dévoré.
Si cette fable permet à Bertrand Belin d’évoquer à nouveau les mécanismes de la domination (et ici : de la domination sociale), de mettre en évidence l’insoutenable condition à laquelle sont soumis les plus démunis, elle déploie aussi un formidable terrain de jeu à la langue. On va,...

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