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Domaine français Cocteau sur le rivage

février 2019 | Le Matricule des Anges n°200 | par Anthony Dufraisse

Cocteau sur le rivage

Décembre 1923 : Raymond Radiguet meurt à 20 ans – de la typhoïde – et pour Cocteau, éperdument attaché à ce prodige de quinze ans son cadet, commence alors une descente aux enfers. Le duo brisé, une lutte pour la vie, même amputée, s’engage : « Le deuil est un duel qu’on mène contre une ombre », dit le poète et musicien Olivier Rasimi, visiblement habité par cette relation qu’il resitue dans une époque artistiquement effervescente et nous restitue avec une évidente sensibilité. Dévasté par cette brutale disparition, Cocteau va sombrer dans la drogue, se laisser dériver pendant plusieurs années, jusqu’en 1926.
L’homme est méconnaissable : hier cabot extravagant des années folles, le voilà solitaire, tout au bord d’une fiévreuse folie et à bord d’une barque qui cabote au large de Villefranche-sur-Mer où il se réfugie souvent, « port d’attache de son deuil ». Lui d’habitude surdoué en tout n’est pas doué pour le chagrin. À Gide, en août 1924 : « J’essaie d’apprendre à vivre à la mort que je porte en moi. C’est atroce ». Toujours du point de vue de l’endeuillé, Rasimi raconte donc le furieux attachement à Radiguet puis le terrible arrachement, la mise en place d’un « cercle d’angoisse », cercle vicieux où l’opium donne le tournis. Ses volutes endiablent un peu plus encore le corps de Cocteau, pourrait-on dire en pensant au titre fameux du livre de Radiguet. Des mirages que dissiperont, non sans mal, cures de désintoxication, conversion spirituelle et lent renouveau créatif ; prier, écrire, dessiner, sculpter.
Avec le temps, l’artiste touche-à-tout apprend donc à domestiquer tant bien que mal « la sale bête noire qui (lui) mange le cœur », comme il l’écrit dans une lettre à sa mère. Au fond, Rasimi campe Cocteau et Radiguet en Orphée et Eurydice, le regard du premier « condamné perpétuellement à se retourner, sidéré, sur l’ombre de Raymond ». Avec son immense peine pour viatique, Cocteau finit par passer de l’autre côté, par aborder un rivage où les ombres tant regrettées deviennent de tendres anges gardiens.

Anthony Dufraisse

Cocteau sur le rivage, d’Olivier Rasimi
Arléa, 164 pages, 17

Le Matricule des Anges n°200 , février 2019.
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