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Poésie Hymne à la vie

juin 2020 | Le Matricule des Anges n°214 | par Richard Blin

De périples en parages, l’œuvre de Frédéric Jacques Temple n’est qu’étreinte insatiable du monde et chasse aux surgissements premiers.

Poreuse à l’univers, inondée de soleil, frémissante, tout en passion et savoir noués, la poésie de Frédéric Jacques Temple. Un chant du monde s’en élève, grouillant de sons, d’odeurs, d’images dont la force et la vérité tiennent à une forme de perception restée vierge. Poésie sensorielle de notation, elle est émotion, contemplation, célébration ou déploration.
Bientôt centenaire, F.J. Temple, né à Montpellier en 1921, est sûrement un des poètes les plus atypiques du siècle qu’il a traversé, indifférent aux modes et aux avant-gardes successives. Combattant engagé en 1943 dans la campagne d’Italie, homme de radio, grand voyageur, il est à la tête d’une œuvre qui compte des récits autobiographiques, des essais et une trentaine de livres de poèmes. Elle se présente comme une longue invitation au voyage autant qu’une ode à l’amitié – Henry Miller, Joseph Delteil, Richard Aldington, Lawrence Durrell – et à une famille d’esprits liés par leur intimité avec la nature sauvage et leur façon de conjuguer des aventures humaines solitaires à la mémoire des lieux – J.F. Cooper, Whitman, Melville, Conrad, Stevenson… D’où une poétique résolument inscrite dans l’aventure de vivre, celle qui a commencé avec l’enfance dans un Sud qui va du Larzac à la Méditerranée, « l’antique mer / toujours qui sera jeune, / celle des Argonautes / et des enfances », Sud d’avant le milieu des années 60 qui vit la mise en œuvre de la défiguration du littoral méditerranéen et la destruction du domaine familial de Haute-Plage, victime de la construction de La Grande-Motte. « En vérité je suis mort / dans les dunes asservies ».
Dépossédé du paradis perdu d’une enfance dans un monde où l’on vivait encore au rythme des saisons de la terre, F.J. Temple ne cessera de se porter vers un ailleurs à la recherche des forces élémentaires et des traces de l’origine dans les paysages naturels. Quête, voyages dont témoigne La Chasse infinie, un livre qui tient de l’inventaire comme du panorama et s’inscrit dans la lignée de la Prose du Transsibérien de Cendrars. Un carrousel de noms, de lieux, d’instants saisis dans une lumière de lointains et d’éternité. « C’est un manège / et les chevaux de bois tournent encore / me ramenant sur le quai de départ / et le train glisse toujours / à jamais / vers mon premier lointain voyage ».
F.J. Temple voyage pour retrouver l’état premier de l’être en accord profond avec l’univers qui l’accueille ; pour saisir des traces archaïques de la présence humaine et animale dans la nature ; pour mettre ses pas dans les pas d’un autre. « Mes pas / dans ceux d’Ulysse / effacés par la vague / intemporelle ». Des voyages-pèlerinages à Dublin avec Beckett, à Long Island avec Withman, à Saint-Pétersbourg avec Dostoïevski, Block et Cendrars, à Roscoff avec Corbière… Une manière sans doute de vérifier que ses lectures ne lui ont pas menti tant les lieux qui le requièrent sont imprégnés d’écriture, semés de signes, plantés de stèles, hantés de fantômes.
De périples en parages, des peuples indiens au monde disparu de l’enfance, tout n’est que Phares, balises & feux brefs. Il s’agit de prendre part, de saisir la force de l’instant, de vivre une pause dans la fuite accélérée de toutes choses. Tous sens en éveil, c’est son « profond pays » que célèbre F.J. Temple, un pays intérieur qui lui permet de se reconnaître aussi bien dans le trappeur canadien que dans une buse qui, « en lente majesté / dissèque le cadastre ». Une poésie qui relève de l’expérience esthétique de l’épiphanie, fonde la mémoire, donne corps au pur bonheur d’exister et permet au temps de demeurer.

Richard Blin

La Chasse infinie et autres poèmes, de Frédéric Jacques Temple
Préface de Claude Leroy, Poésie / Gallimard, 368 pages, 9,50

Hymne à la vie Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°214 , juin 2020.
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