La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Franco de port

novembre 2022 | Le Matricule des Anges n°238 | par Dominique Aussenac

Dans un roman picaresque dénonçant la folie destructrice des humains, Xavier Mauméjean nous entraîne au cœur d’une guerre civile.

Si la guerre en Ukraine, l’avènement démocratique de l’extrême droite aux gouvernements de notre vieille Europe balisent un effroyable aujourd’hui, il est peut-être utile de rappeler le proche passé. Lors de la guerre d’Espagne, Xavier Mauméjean, natif de Biarritz, en 1963, eut sa famille divisée. Un grand-père engagé dans la Phalange, l’autre accueillant les républicains espagnols à Toulouse. « Quelqu’un a dit que dans une guerre civile, tous les camps sont mauvais. Les camps peut-être, mais il suffit d’une poignée d’individus pour sauver ce qui fait l’humanité. » Qu’est-ce qui permet autant de hauteur ? La connaissance, l’écriture, l’humour ? Mauméjean enseigne la philosophie, a publié plus d’une cinquantaine d’ouvrages, principalement de science-fiction, fantastique, littérature policière, jeunesse, essais et pièces radiophoniques. Il est membre du Collège de ‘Pataphysique.
Mais c’est certainement aussi sa fascination pour l’Espagne, Cervantès et Shakespeare qui déclencha l’écriture d’El Gordo (loterie hispanique tirée aux environs de Noël). Bien qu’ils soient enfants, ses deux héros ressemblent étrangement à Don Quichotte et Sancho Panza. Le premier, William, est le fils de Mme Guttierez, la femme de ménage de Mrs Stanford. « Le jour de ses douze ans, William tomba amoureux, trouva le billet de loterie et partit pour la guerre d’Espagne. » Du sud de l’Angleterre, il devra se rendre à Madrid, où dans un laps de temps donné, le gros lot sera délivré. Madrid est assiégé par les troupes franquistes. Près d’un véhicule dont le conducteur est empalé au volant, William recueille Passe-Montagne, un enfant haut comme trois pommes, vêtu d’un costume et d’un « heaume de laine, qui ne laissait voir qu’un nez court et des yeux ronds ». Ce dernier sera son écuyer mutique (pas tant que ça, puisqu’à la fin du livre, nous découvrirons qu’il en est le narrateur). Tous deux partent sur les routes visualisant l’horreur du conflit, passant d’un camp voire d’un sous-camp à l’autre, quasi miraculeusement. Nous sommes ici dans une farce macabre, voire un conte philosophique féerique et atroce où les enfants sont des anges protégés et guidés par leur innocence, leur débrouillardise et l’aura du futur magot convoité par tous. Quant aux forces en présence, ce sont celles du chaos. Les putschistes de Franco viennent rétablir sur le sol hispanique des valeurs chrétiennes, aidés en cela par des troupes musulmanes. La barbarie des uns communiant avec la cruauté des autres. Leurs alliés mussoliniens apparaissent grotesques militairement, corrompus, certains n’hésitant pas à commercer avec les deux parties. Dans le camp républicain, Moscou épure à tout-va qui n’est pas de son orthodoxie, exit trotskistes, poumistes, anarchistes qui périront sous les balles communistes. À travers ce périple éprouvant, des portraits saisissants sont dépeints, voire repeints. Celui de Federico García Lorca avec lequel William est incarcéré. Julius Evola que le poète rencontre à New York, présenté ici comme un mage et qui fut un philosophe voulant conceptualiser un indéfini fasciste que mussoliniens et nazis condamnèrent. Les femmes ne sont pas exclues et participent pleinement à la boucherie. Talia, aviatrice intrépide et tueuse sadique. Dona Pilar, duègne aussi sèche qu’un chorizo noir. Quant à Lazare, sniper aveugle (sic), il lit l’avenir à travers des encyclopédies.
Il peut être reproché à Mauméjean d’araser les idées et les valeurs, de réenchanter une période trouble. Si son désengagement supprime le pathos inhérent à cette guerre civile, paradoxalement son écriture vive, ironique, fantastique permet de croire que les sentiments peuvent encore nous sauver. L’avenir le dira. « Les choses se déroulaient ainsi au bon vieux temps des mauvais jours. »

Dominique Aussenac

El Gordo
Xavier Mauméjean
Alma, 276 pages, 19

Franco de port Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°238 , novembre 2022.
LMDA papier n°238
6,90 
LMDA PDF n°238
4,00