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Théâtre Les rituels invisibles

avril 2023 | Le Matricule des Anges n°242 | par Laurence Cazaux

Ni documentaire, ni fiction pure, les deux pièces de Guillaume Poix interrogent la fonction même du théâtre : peut-il être un lieu de de consolation ?

Un sacre / vie invisible

L’invisible, la réparation lient les deux pièces de Guillaume Poix. Un sacre est une succession de neuf monologues où chaque personnage raconte une expérience singulière avec la mort. Pour écrire cette pièce, Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan, la metteuse en scène, ont effectué 365 rencontres entre 2020 et 2021. Ils ont interviewé autant de personnes que de jours gâchés par la crise sanitaire. L’endroit de la rencontre tournait autour de la notion de réparation. Beaucoup ont alors évoqué la mort d’un proche, dans cette période où les rituels d’enterrement ont été empêchés. Pour la metteuse en scène, au fil des échanges, une attente s’est manifestée : que la fiction métamorphose leurs récits. Qu’elle les remette en présence de leurs morts. Et qu’à travers ce geste, ils persistent dans la mémoire collective.
C’est cet endroit-là qui est troublant et puissant dans l’écriture de ce texte. Un sacre n’est pas du théâtre documentaire, et pourtant il évoque de vraies personnes parlant de vrais morts. Ainsi nous rencontrons Renata, la dernière pleureuse de Balagne, un village corse, Georges souffrant d’un Alzheimer précoce, qui désire se faire euthanasier en Suisse, L 10-3 enterré dans le carré des indigents, Asma et ses rêves juste avant la mort de son père, Léa et son père décédé du Covid, seul, aux urgences et enterré « dans son pyjama d’hôpital lui qui aimait représenter », Zahia, heureuse d’être libérée de l’emprise de son père, et qui clame : « Alors regarde-moi bien, papa/ Aujourd’hui, je suis devenue un personnage de théâtre./ Je suis une héroïne et je peux faire tout ce que je veux. »
Guillaume Poix a pris soin de toutes ces paroles recueillies, mais ne s’est pas enfermé dans une retranscription, il a créé une distance, un espace, le théâtre est devenu en quelque sorte le lieu permettant de prendre soin du chagrin.
La Vie invisible est également née d’un temps d’enquête auprès de personnes malvoyantes ou non-voyantes, autour d’un spectacle qui les avait marquées. Toute la pièce est cette reconstitution du souvenir d’un spectacle perçu par un malvoyant, Thierry. Mais le souvenir raconte bien autre chose que la simple réalité. Thierry reconvoque l’accident dont il a été victime, le départ de son père, il tourne autour de son passé et de ses zones d’ombre. La pièce est vécue comme une enquête entre réalité et fiction.
Pour Lorraine de Sagazan, qui revendique le théâtre comme hétérotopie, à savoir la localisation physique de l’utopie, ces deux pièces sont une tentative de « provoquer une expérience frontale d’absolue proximité et de consolation ». Projet ô combien précieux.

L. Cazaux

Un sacre
et La Vie invisible,
Guillaume Poix
Éditions Théâtrales, 90 pages, 15,50

Les rituels invisibles Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°242 , avril 2023.
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