RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Un auteur
Réinventer l'énigme
La romancière anglaise A. S. Byatt récemment disparue aura-t-elle œuvré pour rien ? Ses malicieuses expérimentations et son formidable goût pour les récits trouveront-ils encore des adeptes ?
Constatant l’empressement que met le milieu littéraire à négliger les écrivains dès lors qu’ils ne sont plus aptes à produire de cette panacée qu’est la « nouveauté », il nous est venu à l’esprit que, peut-être, on avait déjà oublié la romancière anglaise A. S. Byatt décédée cet automne, le 16 novembre, à Londres. Ses livres Le Sucre et Possession ont été au cours des décennies 1980-1990 d’incontournables lectures. Les librairies la « badaient ». Près de trente ans plus tard, qu’en est-il ? Plus un livre sur table, et pas plus de poches sur les étagères. Le néant a nimbé de sa noire étole...
À pas lents vers l’horreur
Cinéaste, romancière, directrice de théâtre de marionnettes ou peintre, Lorenza Mazzetti connaissait assez la mort pour célébrer en toutes choses les beautés du monde.
Le cœur de Lorenza Mazzetti aura toujours balancé entre le cinéma et la littérature. Mais l’Italie, pourtant berceau de Cinecittà, ne laissait guère aux femmes le premier rôle durant l’immédiat après-guerre. Elle eut sans doute l’opportunité de se tourner vers le roman, ou le récit masqué, mais puisqu’elle était finaude, trouva à émigrer au bon moment à Londres lorsqu’elle eut...
Éthologie du goulag
Dissident soviétique, l’Ukrainien Gueorgui Vladimov a connu la disgrâce, notamment pour avoir décrit la brutalité des camps par le truchement d’un chien de garde.
Attrape-le, Rouslan, Attrape-le », c’est l’ordre que le chien de goulag attend, tout son « service » durant. Il est dressé pour ça, et lorsqu’il commet un impair, fraternise avec les prisonniers – si c’est possible – ou se montre incapable de mordre brutalement le mollet ou le bras qui ont commis le crime de ne pas se tenir dans le rang, de toucher son « maître », le gardien, et pire, de fuir...
Un auteur
Une Iroquoise en plat pays
Auteure d’aphorismes, poète et escrimeuse, Emma Lambotte incarna un mélange d’esprit, de tendresse et de douce ironie.
On la surnommait L’Iroquoise, et Laurent Tailhade, que lui avait présenté le peintre James Ensor, lui prévoyait le destin littéraire de Marguerite Burnat-Provins et de Colette Willy. La postérité fut plus modeste, et même un peu trop mesurée. Emma Lambotte, qui s’est éteinte àWilrijk (Anvers) dans sa quatre-vingt-septième année, le 18 mars 1963, reçut des hommages qui mettaient en évidence...
Un surhomme et quelques déluges
Fille de la bonne bourgeoisie protestante, Noëlle Roger n’a pas tout réussi dans le roman, mais elle n’a rien raté en se tournant vers le SF et en inventant, elle aussi, un surhomme.
Le 28 décembre 1924, la dernière page de Paris-Soir donnait un magnifique encadré publicitaire, sobre mais efficace, portant ces mots : « Vient de paraître : Noëlle Roger/ Le Nouvel Adam/ roman » et ce commentaire apéritif : « Vous voici, grâce à une greffe cérébrale (à laquelle travaille en secret maint savant) doué d’un pouvoir sans égal. Qu’allez-vous faire ? L’auteur l’a prévu. Sa...