RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Le vilain rêve
De l’utilité de lire Le Grand Sommeil dans la retraduction de Benoît Tadié, qui rend au premier roman de Chandler sa singularité triste et toujours frémissante.
Évidemment, on se souvient de l’adaptation d’Howard Hawks : clair-obscur au cordeau, récit au galop, érotisme incisif des dialogues Bogart/Bacall. Sauf que leur couple ne s’est jamais formé chez Raymond Chandler (où le détective Philip Marlowe repoussait toute manipulation des dames) ; que l’histoire y était beaucoup plus composite (Chandler ayant fondu l’intrigue de deux nouvelles antérieures, et se fichant assez d’une vraisemblance que le style seul se chargeait d’assurer) ; que la couleur d’ensemble du roman tirait, plutôt que vers le noir et blanc classieux consacré par la tradition,...
Un éditeur
Trente pièces à Llamas
Retour sur les planches du dramaturge Armando Llamas après des années d’absence avec des petites formes à jouer : une trentaine de textes très courts et plus corrosifs que jamais.
Voilà plus de cinq ans qu’Armando Llamas n’était pas revenu à Paris. Juste avant de prendre son avion pour l’Espagne où il vit, l’écrivain nous donne rendez-vous place Gambetta, à deux pas du Théâtre de la Colline où il a travaillé avec Jorge Lavelli dans les années 80. Installé au Café du Métro, derrière ses lunettes noires -une coquette plaisanterie qu’il enlèvera dès notre arrivée- Armando...
Un auteur
Voici les hommes
Le désir est le maître mot de l’œuvre de Camille Laurens. Mais si la narratrice de son nouveau roman évoque son désir des hommes, c’est l’inassouvie nécessité de rencontrer l’autre, l’inconnu, qui habite ces pages.
C’est du bonheur quand la langue ouvre dans l’espace qu’elle explore des fenêtres inattendues. Après une tétralogie (Index, Romance, Les Travaux d’Hercule et L’Avenir) qui interrogeait l’identité et un récit autobiographique sur la mort de son fils (Philippe), Camille Laurens nous avait donné l’an dernier, Quelques-uns où elle reprenait la phrase de Beckett, « les mots ont été mes seules...
Un auteur
Accueillir les voix
Ecrivain discret venu du surréalisme, Jacques Abeille, dont les textes sont hantés par des figures féminines qui nous hantent à leur tour, fait l’apologie de l’aliénation comme chemin vers le génie….
Découvrir les textes de Jacques Abeille vaut bien une enquête dont nous ne pouvons pas rendre entièrement compte. Ce Bordelais a d’abord publié sous pseudonyme (Bartleby par exemple) puis s’est lancé sous son nom dans des œuvres parues chez Flammarion et Zulma tout en citant dans ses livres les ouvrages parus auparavant comme étant ceux d’un autre ! La rencontre avec le surréalisme...
Un auteur
Voir Stendhal et mourir
Proche des surréalistes, le critique d’art Jean-Dominique Rey publie seulement à l’âge de 73 ans son premier roman. Une histoire d’amour, de sons et de mots sous le signe de Cranach.
La silhouette de Jean-Dominique Rey est bien connue de ceux qui fréquentent Paris, ses rues à librairies et ses galeries d’art. Pourvu qu’on les ait aperçus une fois, on n’oublie plus sa taille fil-de-férique, sa coupe de cheveux gris et son air nuageux. Avec son air tranquille, un peu grave, Jean-Dominique Rey semble rêver. Sa fréquentation du groupe surréaliste dans les années...