RUBRIQUE Essais
Les articles
À cheval échappé
Au bout de la langue est une cavalcade joyeuse et érudite au pays de la langue, « un parquet flottant sur lequel s’embarquer à plusieurs ».
Traducteur, essayiste et poète, Martin Rueff explore dans cet opus la question de la langue et soutient la gageure d’aller jusqu’ « au bout de » celle-ci moins pour en venir à bout que pour se donner l’occasion de déambuler dans l’immense étendue de la question, à la manière d’un Montaigne, d’un domaine à l’autre du savoir et dans une sorte de savoureuse indiscipline. D’emblée, Rueff nous plonge dans la particularité sémantique du mot langue en précisant que la polysémie du terme ne doit pas occulter une autre spécificité qui est que le rapport entre les différentes acceptions du mot est...
Un auteur
La mare aux mots
Grand amateur de jeux de langage et de batraciens, Jean-Pierre Brisset (1837-1919) écrivit à ses heures perdues de surveillant de gare une œuvre parfaitement farfelue. Le Brisset sans peine de Gilles Rosière est une anthologie qui réunit textes et conférences de celui qui fut sacré « Prince des penseurs » à la suite d’un canular de Jules Romain et ses amis.
On y trouve notamment, extraite...
Babel heureuse
Milan Kundera poursuit son exploration de l’univers romanesque : le revers, plus riche de sens et d’éclat, du monde où les hommes tentent de vivre.
Il nous faudrait, pour comprendre les destins individuels, contradictoires ou scandaleux, de certains qui eurent 20 ans en 68 puis 40 ans sous Mitterand II, un grand roman, susceptible de pénétrer les consciences et de filtrer le sens de l’Histoire nous ne l’avons pas*. Ou plutôt si mais il fut écrit il y a plus de cent ans, pour une autre jeunesse traître ou trahie : c’est L’Éducation...
Un livre
L' Idiot et les hommes de paroles
de
Pierre Senges
La vie avec les idiots
« Solitaires », « étrangers », entretenant un « rapport conflictuel avec le langage » : voilà les curieux papillons que capture élégamment Pierre Senges.
Idiot ou pas idiot, on ne raconte que pour se faire des amis et récolter cet amour en silence ». Le but est ici amplement atteint. Quand Pierre Senges fait « le marché aux idiots », on sympathise très vite avec le collectionneur et sa collection. Il n’y a pas l’ombre chez lui d’une manie pointilleuse, ou d’une lassante tentative de définition. Son effort de taxinomie est traversé de...
Un livre
La Jouissance et le trouble
de
Jacques Le Brun
Avant Jean-Paul
Le second dimanche de l’Avent, un ancien religieux ayant convié plusieurs personnes à dîner, entre lesquelles se trouvaient plusieurs dames (…), les sollicita de passer par dedans le cloître, pour aller dans sa maison qui est du côté de la cour, hors des lieux réguliers » : il ne s’agit pas d’un début de roman, mais de la Résolution de plusieurs cas de conscience touchant la morale et la...