RUBRIQUE Intemporels
Les articles
Un livre
Famille de Pascal Duarte
de
Camilo José Cela
De Charybde en Scylla
Dans son premier roman, l’Espagnol Camilo-José Cela (1916-2002) fait le portrait d’un homme dont le malheur est le seul chemin.
Un père brutal et alcoolique, ayant fait un séjour en prison pour contrebande (il sera mordu par un chien enragé avant de mourir dans d’atroces souffrances), une mère violente et ivrogne elle aussi (que son fils se souviendra avoir vue se laver une seule fois), une sœur prostituée, un jeune frère dégénéré (à qui un cochon arrache un jour les deux oreilles et qui se noie dans une bassine d’huile)… Bienvenue dans l’univers de La Famille de Pascal Duarte, qui inaugurait en Espagne, lors de sa parution en 1942, le courant esthétique du tremendisme, caractérisé par la succession de scènes...
Au nom du bien
Dans ce récit posthume publié en 2007, Curzio Malaparte revient sur la défaite de l’Italie mussolinienne. Tout en pudeur.
Alors que Mussolini vient d’être déposé par le Grand Conseil fasciste puis emprisonné, alors que l’Italie a capitulé en catimini, les forces alliées, qui occupaient déjà la Sicile, traversent le détroit de Messine et débarquent en Italie. Nous sommes au tout début du mois de septembre 1943, dans ce que les manuels d’histoire nommeront plus tard le tournant de la Guerre.
En Calabre, un...
Un auteur
Aux portes de l’être
Publié en 1933, ce recueil de proses explore les solitudes de l’âme humaine. La quête métaphysique de Jean Grenier.
Pour les Romains, qui usaient de la polysémie comme nous nous usons du vocabulaire abstrait, « insula » désignait aussi bien une île, une maison isolée, un îlot de maisons, ou un temple. On a même pu voir, sous la plume de Cicéron, ce substantif référer à un quartier de Syracuse… Sous celle de Jean Grenier (1898-1971), le nom « île » conserve ce flou sémantique, et l’on serait bien en peine...
Un auteur
Une vie de château
Le premier volet de La Trilogie de Gormenghast présente l’univers invraisemblable de l’Anglais Mervyn Peake. Jubilatoire et délicieux.
Mervyn Peake (1911-1968) est de ces écrivains à qui la démesure ne fait pas peur. Bien au contraire. Il la recherche, et dès qu’il la tient, il en rajoute encore, comme si ce n’était qu’à travers elle qu’un créateur peut laisser son talent s’exprimer.
Prenez son château par exemple. À d’autres, Versailles aurait suffi. À Peake, non. Pour lui, Versailles, c’est encore trop peu, trop maison de...
Un auteur
La nuit intérieure
La Néo-Zélandaise Janet Frame (1924-2004) évoque ses années d’internement psychiatrique. Un témoignage empreint de poésie.
Au début de cette belle confession, qui n’est pas tout à fait autobiographique dans la mesure où la protagoniste se nomme Istina Mavet (mais il est de notoriété publique que l’écrivain a été interné pendant plusieurs années), Janet Frame explique ainsi le fait qu’elle ait été placée en hôpital psychiatrique : « parce qu’une grande brèche s’était ouverte dans la banquise et m’avait séparée des...