Einar Turkowski inaugure son premier album sur un thème maintes fois traité en littérature jeunesse : la différence et le rejet de l’autre. Son livre échappe toutefois à une redite par le caractère original des illustrations qui oriente l’histoire dans une dimension résolument surréaliste. Un étranger s’installe dans une maison abandonnée près d’un village en bord de mer et fabrique une machine qui retient les nuages. Et pleuvent des poissons en veux-tu en voilà ! Mais l’étranger suscite à la fois jalousie et méfiance de la part des villageois qui provoquent son départ vers d’autres cieux.
Farce intemporelle, Le Pêcheur de nuages souligne l’aspect mystérieux de ce qui est inconnu et les suspicions que cela peut engendrer. Dans cet album à l’italienne, les illustrations en noir et blanc du jeune auteur-illustrateur allemand s’étirent sur les doubles pages, offrant une vue panoramique d’un univers surréaliste assez hostile. Les camaïeux de gris, le ciel parfois noir, très encré, préfigurent une fin apocalyptique imminente, telle une punition divine. Les villageois seront quittes de leur convoitise, victimes d’un ouragan qui les balaiera.
Les illustrations sont à lire minutieusement : les représentations de machines à la technologie complexe sont surprenantes d’incongruité ! L’auteur ne laisse pas en reste les villageois qu’il représente de manière caricaturale et grotesque, affublés de carapaces contre un ennemi inexistant. Le texte dense est apposé en bas de page, en regard des illustrations, imprimé en petits caractères, à lire avec la même attention que les images.
Le PÊcheur de nuages d’Einar Turkowski
Traduit de l’allemand par Christophe Le Masne
Autrement, « Albums », n.p., 14,50 €
Jeunesse Ciel !
mai 2007 | Le Matricule des Anges n°83
| par
Malika Person
Un livre
Ciel !
Par
Malika Person
Le Matricule des Anges n°83
, mai 2007.