Éditeur prolifique, Émile Lansman nous offre un catalogue au cœur large. S’y côtoient des auteurs reconnus, comme Matéi Visniec, un prix Nobel de littérature, Gao Xingjian, de nombreux auteurs africains qui trouvent là à se faire entendre et des jeunes écrivains qui publient souvent chez lui leur premier texte ; comme dernièrement Laure Chartier pour Un fait divers. C’est cette diversité qui signe la richesse d’un catalogue souvent en prise avec les problématiques sociétales.
Créé en 1989, Lansman éditeur aura trente ans cette année. Allez-vous fêter cet événement ?
Nous rééditons pour l’occasion Le Grand Complot de Jean Louvet, l’une de nos premières publications. Nous avons également prévu de sortir plusieurs anthologies thématiques de textes déjà publiés au cours des vingt-neuf premières années, sur le monde du travail, l’immigration ou la famille. Et bien sûr, il y aura des rendez-vous marquants tout au long de l’année avec nos partenaires de longue date, comme le festival de Sibiu en Roumanie pour lequel sept textes d’auteurs francophones seront traduits en roumain et publiés.
Pouvez-vous évoquer votre jeunesse et votre premier lien avec le théâtre ?
Je suis le prototype d’enfant de milieu populaire en Belgique. Mon grand-père était mineur et voulait que son fils soit ouvrier. Et mon père voulait que je sois instituteur. J’ai respecté ce parcours.
Mon père était aussi un clarinettiste de haut vol avec une pratique « amateur » dans plusieurs harmonies, notamment celle de la maison du peuple de mon village, où il y avait aussi un cercle théâtral. C’est là que j’ai découvert le théâtre. À l’école secondaire, j’étais dans la même classe que le fils du directeur. Et régulièrement, son père me proposait de remplacer son fils qui ne voulait pas aller au spectacle. Comme mon copain avait une sœur qui ne me laissait pas indifférent, j’étais prêt à m’intéresser à n’importe quoi. J’ai vu des spectacles qui m’ont marqué, comme Le Baladin du monde occidental de Synge. En parallèle, chez moi on écoutait des opérettes, je peux chanter L’Auberge du Cheval Blanc et bien d’autres. Très tôt, j’ai aimé des genres théâtraux très différents. Vers 23 ans, je suis devenu adjoint au maire de ma commune. C’était une époque formidable, on pouvait tout créer. Ce qui fait que j’ai pu rêver de faire acheter une maison, d’en faire un centre culturel, un an après je l’avais !
Je me suis également impliqué dans la programmation du théâtre jeune public pour la province de Hainaut. Les hasards de la vie m’ont amené à avoir une casquette de journaliste-chroniqueur pour un quotidien national belge, ce qui m’a permis de vivre une série d’aventures assez formidables, comme de découvrir le festival des Francophonies en Limousin dès la première édition.
Quand décidez-vous de créer une maison d’édition ?
Je n’ai jamais décidé de créer une maison d’édition. En 1985, je suis instituteur puis professeur de psychologie...
Éditeur En compagnie d’Emile
avril 2019 | Le Matricule des Anges n°202
| par
Laurence Cazaux
,
Patrick Gay Bellile
Figure incontournable de l’édition théâtrale, Émile Lansman est un militant absolu, un infatigable voyageur aux multiples casquettes, doublé d’un conteur né. Rencontre avec un homme atypique et malicieux.
Un éditeur