éditions Parole d'Aube
Ouvrages chroniqués
Le Désastre d’Eden
de
Renaud Ego
1998
Renaud Ego est un familier de l’univers du poète suédois Tomas Tranströmer auquel il a consacré un texte sur la « modernité » de ses images lors de la parution de l’oeuvre poétique complète au Castor Astral. Cette réflexion basée sur les rapports entre science et littérature est encore présente dans Le désastre d’éden, son premier recueil de poésie. Le monde technologique dans lequel nous vivons n’est ni condamnable ni inhumain : il est, et aujourd’hui le poète se doit d’en dire les fréquences, ou les interférences, comme d’autres autrefois célébraient la nature.
Renaud Ego évite toute...
Le Fait noir
de
Thierry Renard
1998
Coup de chapeau à Thierry Renard pour sa revue superbe, Aube magazine, et sa petite maison d’édition, avec une ligne graphique vivante, originale et déjà quelques noms prestigieux : Bobin, Ancet, Velter, Juliet….
Mais ici, c’est du poète qu’il s’agit.
Papier de couverture noir, mat, avec un bleu rouge qui le déchire, tel est le poème de Renard : souvenir et quotidien serrés l’un contre l’autre, mots morsures à bout de quai, d’aéroport, chair où poser la main, sorte de voyoucratie, de clin d’œil à toutes les négritudes, celles de la nuit, du poète, de l’alchimie, une langue âpre,...
Lettres à des morts plus vivants que les vivants
de
René Pons
1999
Sur le registre du pessimisme, face à René Pons, même Cioran et Thomas Bernhard font figure de joyeux plaisantins. L’ermite du Gard n’a de cesse de ressasser toutes les vilenies du siècle : de la Seconde Guerre mondiale à la télévison, en passant par la trahison des amis, tout est bon pour dévider la pelote des litanies lugubres. Il arrive parfois que tant de chagrin revigore le lecteur. Le fait que la lucidité soit vécue par l’autre est déjà une satisfaction : on lui laisse les insomnies et l’on prend bien volontiers ses livres.
Ces Lettres à des morts plus vivants que les vivants ont...
Torches d’ombre
de
Lionel Bourg
1999
La poésie… C’est, chez moi, une vieille hantise, mais depuis longtemps je confie à la prose le soin de l’accomplir.« Lionel Bourg cerne sa démarche avec lucidité, ajoutant des pages de journal et un essai à une œuvre forte d’une vingtaine de courts volumes.
La rédaction d’Une absurde fidélité peut-être… est entamée au début de la maladie fatale de son père. Le texte se dévoile par fragments, colle à l’image de l’homme qui écrit. Privé brutalement du repère paternel, prenant conscience de la fragilité de ses racines, c’est comme si Lionel Bourg tentait par l’écriture de rassembler à...
Une rose des vents : une conversation avec Christian Bobin
de
Yvon Le Men
1998
La saison à venir est vouée traditionnellement au repos et au dépaysement. Une chance pour la lecture mais la concurrence est dure. Voici une petite liste d’ouvrages, menus et conséquents, pour passer l’été accompagné.
Des livres arrivent dans une profusion inégale. On parlera de certains d’entre eux parce que leurs éditeurs diffusent large : ils ont de gros moyens, inondent les librairies et le service de presse, parfois même s’offrent des publicités et des encarts dans des revues soi-disant littéraires. Quelle liberté garde la critique dans de telles conditions ? D’autres peu ou pas parce que les titres circulent d’abord du bouche à oreille : les frais de listing sont comptés.
Il y a une réelle injustice et l’on découvre de très beaux recueils, avec une ligne éditoriale cohérente, poussée, chez des...
Une soudaine solitude
de
Lance Henson
1999
Poète cheyenne du Sud né en 1944, Lance Henson a grandi dans l’Oklahoma, a combattu au Vietnam puis s’est consacré à l’écriture tout en se déplaçant dans le monde entier pour parler de son peuple asservi. C’est l’ensemble de ce parcours et de cette création que nous retrouvons dans ce livre passionnant, qui propose des traductions du cheyenne et de l’américain de ce poète ainsi qu’une préface instructive, un entretien et un texte reprenant une conférence de Henson rapportés par Manuel Van Thienen.
On est ému devant l’humanité et la justesse qui se dégagent des propos de cet homme plein...