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Le Matricule des Anges
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Le Matricule des Anges

  • Tiré par les chevaux

    Lmda N°255 Du Canada en Corée, en passant par Paris, le cinquième roman d’Alexandre Labruffe poursuit des fantômes, en s’ébattant avec la langue.

    Cold case

    Alexandre Labruffe a tout d’un sale gosse. Brillant, doué, fumiste, prônant le coq-à-l’âne, prenant les mots à la lettre, jonglant avec, il réussit à parler de gravité, tout en nous faisant sourire, comme s’il voulait et pouvait essorer ainsi le pathos. Les thèmes de ses romans qui peuvent nous entraîner très loin, égotiste autodérisoire et burlesque, il les cueille dans son proche immédiat,...
  • Sept maisons vides

    Domaine étranger Angles morts Dans un recueil de nouvelles angoissantes (et parfois drôles), l’écrivaine argentine Samanta Schweblin poursuit son exploration des recoins de la psyché à partir d’un motif simple en apparence : le chez-soi. Lire un récit de Samanta Schweblin, c’est toujours se demander comment la situation a pu déraper à ce point. Voyez plutôt : une femme s’enlise en voiture avec sa fille sur le gazon d’inconnus avant de s’incruster chez eux et de dérober le sucrier qui d’après elle, lui appartient. Ou cet incipit : « “Où sont les vêtements de tes parents ?” demande Marga. Bras croisés, elle attend ma réponse. Elle sait que je l’ignore et que j’ai besoin...
  • Lettres à Juan Bautista (vingt ans après)

    Domaine français Autoportrait dans l'arène Le nouveau livre d’Yves Charnet est le fruit de vingt ans d’écriture. Et de fascination pour ces pantins de corrida qui affrontent les cornes pour écrire leur propre légende. En 2008, paraissait le très beau Lettres à Juan Bautista (La Table ronde) où Yves Charnet en suivant les traces du jeune torero arlésien continuait sa quête autobiographique débutée dès son premier livre, Proses du fils. Il n’était pas nécessaire de se compter parmi les aficionados pour lire ce livre qui mêlait l’intime de son auteur, son addiction pour les corridas et le portrait sensible du jeune « Arlequin d’Arles ». La langue,...
Chronique
En grande surface
par Pierre Mondot

Un conte en Suisse

L’horizon s’assombrit. Notre chef des armées montre ses muscles et se répand un peu partout en propos belliqueux. À sa suite, le surintendant des Finances annonce que les caisses du royaume sont vides et exhorte chacun à boucler d’un cran supplémentaire sa ceinture. Enfin, plus loin, en Amérique, un groupe de géophysiciens affirme – calculs refaits – que la Terre tourne à une vitesse de plus en plus folle. C’est la goutte. Fuyons illico ces vertiges pour un exil sûr. Cap sur le pays helvète, son armée d’ornement, sa fiscalité bienveillante et son temps suspendu. C’est là, à Genève que...
Le Matricule des Anges n°252
Copi

un auteur

Copi

Chronique
Traduction

Carole Fily*

Un zèbre dans la guerre de Vladimir Vertlib Comment traduire en français un roman allemand écrit par un Russe ? C’est toujours la question que je me pose avant de commencer un texte de Vladimir Vertlib1 ; j’ai encore dans l’oreille ces mots que m’avait glissés l’éditrice en me confiant la traduction de son premier roman : « Vertlib écrit en allemand, mais c’est avant tout un conteur russe. Alors écrivez du russe. » Si L’Étrange Mémoire de Rosa Masur a souvent été qualifié de « roman russe », du fait, entre autres, que l’intrigue se déroule en Russie, cette dernière, bien que jamais nommée, est également très présente dans son...
Le Matricule des Anges n°250
  • Le Feu dans la mer

    Domaine étranger Le miroir sicilien Leonardo Sciascia nous donne à voir dans le « local » l’universel de la condition humaine. Un tableau plaisant mais aussi édifiant. Né dans un bourg de la province d’Agrigente, fils d’un employé des mines de soufre et d’une mère au foyer, instituteur ayant accès à la culture populaire comme à celle des notables, Leonardo Sciascia (1921-1989) s’est trouvé à une place idéale sur l’échiquier social du Mezzogiorno : celle d’un Sicilien « moyen » mais lettré, nourri de l’histoire de son île, de sa littérature et de son folklore. Si l’on y ajoute une vive conscience des...
  • L' Exigence de la chair

    Poésie Le paraphe de feu d'une œuvre-chair Par fulgurances, les poèmes de Nathalie Swan exaltent les évidences secrètes qu’ils découvrent au cœur de l’énigme éblouie qu’est le désir. Plutôt que de se demander si la poésie peut vraiment dire l’ardeur amoureuse, l’éperdument charnel, la singularité flamboyante du désir, Nathalie Swan a fait confiance à son amour des mots et à la puissance émerveillante de la joie d’aimer. D’où les bouquets de mots à vif, l’écriture à fleur de peau, la fièvre explosive de L’Exigence de la chair (Corlevour, 2022), le premier livre d’une poétesse qui enseigne la philosophie dans les...
  • Correspondance 1968-1978

    Pierre Pachet / Georges Perros
    Histoire littéraire Zébrures d'épistole Plus que littéraire, la correspondance entre Georges Perros et Pierre Pachet montre une amitié à hauteur d’hommes. Qui découvre un jour Georges Perros (1923-1978) et ses écrits à nul autre pareils, dont les fameux Papiers collés, ne pourra plus jamais s’en détourner. Cette correspondance avec son cadet de quatorze ans Pierre Pachet (1937-2016), qui lui aussi nous manque, est une belle occasion de les retrouver, et ce grâce à Thierry Gillybœuf, impeccable transcripteur des quelque 150 lettres échangées pendant dix ans entre les deux hommes. Cette relation...
  • Le Temps des fins

    Théâtre Raconter les brèches Avec Le Temps des fins, Guillaume Cayet convoque l’énergie de la lutte et de l’utopie. Guillaume Cayet propose une pièce poétique, politique et écologique, une saga en trois parties racontant la lutte pour le vivant. Sa pièce est une invitation à penser, rêver, invoquer, imaginer l’après, l’après de notre monde finissant. Pour l’auteur : « Le Temps des fins sera le récit de ces hommes et femmes sans monde, pris·es au piège entre un monde qui tarde à mourir et un autre qui tarde à naître. » Guillaume Cayet dit s’intéresser à...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert

Sans pain

Petit voyou d’autrefois, Auguste Brepson était surtout un enfant de la misère et des travaux de misère. Leçon de vie. Le 22 janvier 1929, un employé du service du Dépôt légal de la Bibliothèque nationale donne un coup de tampon encreur sur la page de titre que la maison Rieder vient de fournir, ainsi que la loi l’exige. Livre déposé ! Tout est régulier dans le meilleur des mondes administratifs. On se trouve à un pas de la Bourse où le Veau d’or continue de se pourlécher (tous ignorent que le krach aura lieu en octobre). Mais cette date du 22 janvier est terriblement triste car son auteur, Auguste Brepson, est mort depuis près de deux ans. Il n’a pas vu paraître son unique livre, Un gosse, pour lequel il...
Le Matricule des Anges n°210