Il suffisait de m’avoir comme fils pour se voir bloquer les fonctions reproductives. J’étais le contraceptif idéal « . Le bonhomme du roman de Jean Cagnard pratique l’autodérision à merveille. A 36 ans, il n’a plus qu’une obsession : le méridien de Greenwich. Il est né à 18 km de la ligne imaginaire, dans une famille » occupée à fabriquer du bonheur « . A 18 ans, il » déménage de son enfance « , en compagnie de l’estafette de son pater. C’est sa coquille, son habitacle rouillé, rafistolé au cours des ans. Il se trimballe avec elle de trottoirs en chantiers, de plages en terrains vagues. C’est sur un de ces parkings de fortune qu’il a découvert, » le ventre peint de sperme sec « , la Reine.
Le mannequin de plastique, nettoyé et habillé par ses soins, passe son temps à l’observer dans un fauteuil de vieux pneus. Ses » relations « , comme il dit, sont ses créanciers. Avec un art consommé, il emprunte mais ne rembourse pas et évite les jobs comme la peste.
Et puis, il rencontre Gladys, l’amour de sa vie. Ensemble, ils vont remonter au méridien de Greenwich et en devenir les gardiens sur fond d’estafette, de merguez et de pneus. Mais la vérité se trouve ailleurs, probablement dans les yeux vert-vide de la Reine. Celle qui a su finalement l’accompagner jusqu’au bout. Dans son bonheur de récupération.
Le style de Jean Cagnard est drôle, sans fioriture. Après un recueil de nouvelles qui a reçu le prix Prométhée, il nous livre un premier roman épique. Paumé, » funambule approximatif du méridien de Greenwich " comme il se définit, son personnage ne peut que nous attendrir.
Hygiène de l’Assassin
Amélie Nothomb
Albin Michel
200 pages 89 FF
Domaine français Le méridien en ligne de vie
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°1
| par
Ulysse Gaillard
Un livre
Le méridien en ligne de vie
Par
Ulysse Gaillard
Le Matricule des Anges n°1
, novembre 1992.