Robertson Davies excelle dans l’art de raconter. Dès la première page, l’histoire est lancée : la fondation Cornish, en guise de mécénat, décide de financer un projet un peu spécial, l’achèvement et la représentation d’un opéra d’Hoffman dont seules quelques notes subsistent. Il faut dire aussi que ce travail servira d’examen de doctorat en musique à la souillon Hulda Schnakenburg, étudiante surdouée que l’hygiène et les bonnes manières n’encombrent pas.
Le talent de Davies réside dans sa façon de créer et faire vivre ses personnages. Il y a Arthur Cornish, à la tête de la fondation, génie des affaires mais dont l’ambition est de développer l’Art, sa jolie femme Maria, issue d’un folklorique milieu tzigane, et dont tout le monde est plus ou moins amoureux, Powell, bel homme, acteur déclamant de la rhétorique galloise, Gunilla Dahl-Soot, qui supervise le travail de Hulda et qui sait user de ses charmes auprès de la gent féminine et surtout Simon Darcourt, abbé défroqué, le Fou du jeu de tarot, qui est au centre de ce tissu invraisemblable de relations. Et la cerise sur le gâteau, Hoffman lui-même qui du haut des limbes nous livre ses commentaires. Quand on saura que le thème de l’opéra est La Légende du roi Arthur mou le cocu magnanime et que la réalité rejoint très vite la fiction, on aura l’essentiel de ce roman, car La Lyre d’Orphée est un pur roman de divertissement, un roman artisanal au sens le plus respectueux du terme, poli dans les angles, rehaussé sous la lumière, aux formes parfaitement équilibrées, garanti pièces et main-d’oeuvre.
La Lyre d’Orphée
Robertson Davies
Traduit de l’anglais
par Lisa Rosenbaum
Editions de l’Olivier
446 pages, 140 FF
Domaine étranger La légende du Roi Arthur
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
| par
Alex Besnainou
Un livre
La légende du Roi Arthur
Par
Alex Besnainou
Le Matricule des Anges n°4
, avril 1993.