Jean Portante est luxembourgeois. Mais il s’en est fallu de peu. Peu de temps d’abord pour qu’il ne soit italien tel ses parents, immigrés de la péninsule comme d’autres, beaucoup d’autres, son prénom alors serait resté Giovanni. Peu d’espace ensuite, car il suffit de rater l’arrêt du train à Differdange pour n’être plus au Luxembourg. Alors, Claude (ou Claudio), le narrateur du roman, de ces deux identités, de se trouver dans un pays où deux langues sont parlées, se sent comme les baleines, bénéficiant comme Moby Dick du don d’ubiquité : s’il est en Italie, il se rêve au Luxembourg et réciproquement. Ce roman de la nostalgie, ivre de longues phrases, comme s’il fallait ne pas lâcher la mémoire mais la laisser fouiller le passé à la recherche du moindre détail offre aux baleines sédentaires de nouvelles mers du sud. On appelle ça l’Europe.
Editions Phi
(distribution Distique)
500 pages
Domaine français Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°6
Un livre
Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine
Le Matricule des Anges n°6
, décembre 1994.