Epinglés devant le bureau, des photos de Karen, un cliché de Jean-Louis Martinelli, des images des docks signées Jean-Baptiste Harang et le portrait de chaque étudiant du T.N.S. accompagnent l’écrivain dans l’espace confiné de son cabanon. Les livres sont là aussi. D’abord, sur la droite du bureau, trois rangées d’ouvrages de poche courent sur plus d’un mètre. Au-dessus et sur une même longueur, ce ne sont que des livres blancs avec une étoile bleue : ceux des éditions de Minuit (Beckett, bien sûr, mais Duras aussi et Echenoz). Serena choisit d’en extraire Naufrage d’Aidan Higgins, « un livre fabuleux qui m’a bien aidé. C’est construit de longs monologues de femmes. II m’a habité pendant longtemps. » L’autre livre qu’il sort, c’est Dit-il de Christian Gailly dont il ne cesse de conseiller la lecture.
La plus grande bibliothèque s’adosse au mur opposé. On y trouve du polar et du théâtre, et plus loin des romans : Le Quart de Nikos Kavvadias (Climats), Perturbations de Thomas Bernhard (Gallimard). Quelques livres « un peu sérieux. Mais je ne les ai pas lus. » Parmi ceux-ci, Le Désir et la perversion (Points Seuil) que Serena se réserve. Et beaucoup de Tennessee Williams, « un auteur très important pour moi ». Sur le bureau, on appréciera les Marc Behm, Jean Amila (« découvert sur un marché aux puces. Avant, je lisais surtout Manchette. ») qui prouvent un vrai goût pour le polar. Tout Volodine est là aussi ; « c’est quelqu’un dont j’aimerai me sentir proche. L’un des plus importants chez Minuit. » Serena finit la visite par celui qu’il découvrit au sortir de l’adolescence : Kafka. « Quand je perds le Nord que je ne sais plus où je vais, je replonge dans Kafka. »
Dossier
Jacques Serena
Il est Minuit depuis toujours
janvier 1998 | Le Matricule des Anges n°22
| par
Thierry Guichard