Un homme, sexagénaire, revient s’installer dans sa ville natale, sur la côte bretonne, pour y mener une existence contemplative, et créative. Il peint, plein d’attention pour les impressions, les pensées, même fragiles, qui le traversent. Il vit entre le café où il déjeune chaque jour, et la plage. Il observe. La mer, les touristes, et aussi sa voisine, vacancière curieuse qui vient troubler sa méditation, et qui figure bientôt au centre du tableau en cours une Femme nue… Entre eux, se tresse une intimité, brève et singulière, autour notamment de la figure disparue du père du narrateur, pêcheur local…
C’est par courtes touches poétiques, fragments finement ciselés et juxtaposés, que Cédric Morgan progresse dans la narration. « Le peintre a besoin du bras, du poignet, de la main et du feu de l’œil. Le reste a autant de nécessité que le pantalon de velours à grosses côtes. » Peu à peu se précisent des couleurs, une tonalité, des silhouettes, un paysage, intérieur, fait de présent et de bribes de mémoire. L’écriture abonde en raffinements et en intelligence, et nous séduirait tout à fait, si la richesse, excessive, de sa palette ne finissait par générer un peu d’ennui, et de préciosité. Ce roman a pourtant la saveur d’un fruit bien mûr, parfois trop sucré, mais parfumé et juteux, à plaisir : ne le boudez pas, ceux de ce genre-là restent rares.
Le Bleu de la mer de Cédric Morgan
Phébus, 165 pages, 14,50 €
Domaine français Secret mélange
octobre 2003 | Le Matricule des Anges n°47
| par
Bertrand Serra
Un livre
Secret mélange
Par
Bertrand Serra
Le Matricule des Anges n°47
, octobre 2003.