Des garçons de ferme, grands, maigres et vigoureux, d’humeur joviale, cognaient à mort des ratons-laveurs avec leurs pieds nus, volaient des moutons, poursuivaient des filles indiennes dans les fourrés, et partaient en ville le samedi soir pour regarder les combats à la lame de rasoir. Une nuit ils se prirent une cuite, conduisirent leur voiture sur la voie ferrée et furent pulvérisés. "
Cette fois l’auteur du célèbre Lipstick traces (qui faisait le lien entre l’art depuis Dada et le monde du rock et du punk), fait cahoter un train musical et discographique à travers les roots américaines blues, rockabilly, country, hillbilly et rock’n’roll. Par les fenêtres de cet express, c’est tout un paysage qui ressurgit, les villes Memphis, New Orleans et LA, la ruralité du Sud et les mystères de l’Ouest des années 50-60, la mythologie originelle de Stagger Lee (le Billy The Kid noir), du Crawling King Snake et du Back Door Man.
Les principaux essais sur le Band, Sly and the Family Stone, Randy Newman et surtout le King Elvis Presley, analysent, dans une écriture vive, sautillante, le rêve artistique de ces nouveaux Américains exprimant à leur façon les visions politiques et littéraires des pères fondateurs (Franklin, Washington, Emerson, Thoreau, Melville), ces nouvelles franges (Noirs, marginaux Blancs) déboulant sur la scène pour moduler les variantes du puritanisme traditionnel qui en tubes pop qui en chansons de rue.
Avec ses 200 pages d’annexes détaillées, Mystery train constitue un très bon livre rock, aux références certes parfois un peu confidentielles pour un Européen.
Mystery train de Greil Marcus, traduit de l’anglais par Héloïse Esquié et Justine Malle, Folio, 557 p., 10,50 €
Poches Train rock mystère
novembre 2003 | Le Matricule des Anges n°48
| par
Ludovic Bablon
Un livre
Train rock mystère
Par
Ludovic Bablon
Le Matricule des Anges n°48
, novembre 2003.