Cinq garçons et deux filles constituent la première promotion du département écriture de l’Ensatt dont l’objectif, pour la première fois en France, vise à former de jeunes dramaturges. Pour Enzo Cormann, « la véritable bonne surprise, c’est que cette promotion est composée de gens très différents. On ne peut pas apprendre à quelqu’un à écrire. Dans ce cursus, nous avons cherché à sauvegarder la nécessaire solitude de l’écrivain tout en rompant son isolement. Ces étudiants ont 16 heures de cours hebdomadaires. Ils doivent également faire des stages dans tous les départements de l’école. Deux fois par mois, lors du studio, les écritures en cours sont présentées devant cinq écrivains, Pauline Sales, Fabrice Melquiot, Jean-Pierre Siméon, Vincent Bady et moi-même. »
Pour Olivier Mouginot : « La grande idée de cette formation, c’est l’accompagnement critique. Nous avons la chance d’avoir le regard de cinq écrivains confirmés aux dramaturgies très différentes. Nous ne sommes pas tant critiqués au sens strict que questionnés. »
Ce que confirme Samuel Gallet : « L’écriture de théâtre appelle toujours l’autre, le collectif. Cette formation permet de confronter notre esthétique à des regards autres. Et de sortir du cinéma intérieur qu’on se fait sur nos textes. Être confrontés à cinq écrivains, c’est parfois déstabilisant, mais cela permet d’affirmer notre écriture, de ne plus la penser comme fermée sur soi mais tendue vers la scène. »
Sabine Tamisier elle, est en formation continue à l’Ensatt. Elle participe prioritairement au studio. « C’est un accompagnement au plus près de chacune de nos écritures. Les cinq écrivains ouvrent tous les champs des possibles. Quand on ressort, on a l’esprit en ébullition. Il faut pratiquer l’écoute flottante, pour retrouver ce dont on voulait parler, tout en tenant compte des différents avis. »
Ce qui séduit Thibault Fayner c’est « d’immobiliser trois années pour écrire. Cela me permet de passer du fantasme d’écrire à quelque chose de plus professionnel. Au bout de trois ans de pratique régulière, on pourra juger si notre univers est en développement ou au contraire s’il est immobile ou en rétraction. Le fonctionnement de l’école laisse énormément de liberté. On ne nous prend pas du tout par la main, à la différence de l’École nationale du Québec où ils ont beaucoup d’ateliers d’écriture, d’exercices pratiques. À l’Ensatt, c’est plus déstabilisant, parce que très libre. Au centre se trouve le développement de notre démarche personnelle. Il faut donc avoir un bon mental et une bonne autonomie. »
Dès cette deuxième année, ces « apprentis dramaturges » sont confrontés à des commandes de pièces courtes. En 2006, au bout de leur cursus, un coffret de sept pièces devrait être publié. Les occasions de découvrir ces jeunes écritures ne devraient plus...
Dossier
Enzo Cormann
Pour ouvrir la cité interdite
janvier 2005 | Le Matricule des Anges n°59
| par
Thierry Guichard
Un auteur
Un dossier