Venu du XVIIe siècle, ce « roman libre » presque anonyme est un peu plus qu’un récit léger pour allumer les papilles érotiques du lecteur. Certes il s’agit de la vie d’un jeune étudiant « affligé d’un amour immodéré des femmes » qui balance d’une belle à l’autre. Il s’enrichit de l’expérience des aînés qui lui transmettent les « rudiments » de l’art de l’amour. Même si l’on y trouve les poncifs habituels du genre qu’il faudrait enrichir de la lecture de La Vie sexuelle dans la Chine ancienne de Robert Van Gulik on remarquera avec intérêt que le plaisir des femmes est réellement au rendez-vous des séances de « nuages et pluie ». Les mœurs chinoises, en particulier politiques, sont évoquées, voire brocardées, lorsque notre étudiant gravit les échelons de la hiérarchie administrative, en passant de nombreux examens pour devenir mandarin, puis gouverneur. Il ne se fait pas faute de pourchasser l’injustice et de démasquer un criminel. Cette veine satirique, assistée de nombreux rebondissements et d’aventures galantes ne suffit peut-être pas à propulser ce livre dans l’immortalité des lettres. Cependant notre perspicace et fougueux amant s’attache à emmener avec lui ses épouses aimées au « pavillon des Dix Loisirs » avant de leur permettre de rejoindre le « paradis des immortels ».
Voilà donc un livre qui saura plaire et instruire, et réjouir par ses illustrations aussi chinoises que coquines. Il ajoute à l’abondante gamme extrême-orientale des éditions Picquier un modeste volume qu’au vu d’une couverture au goût aussi exquis que démonstrativement suggestif nous n’aurons pas la cruauté de négliger.
À l’ombre des pêchers en fleur
Traduit du chinois par Huang San et Boorish Awadew, Philippe Picquier, 224 pages, 18 €
Domaine étranger Les dessous chinois
avril 2005 | Le Matricule des Anges n°62
| par
Thierry Guinhut
Un livre
Les dessous chinois
Par
Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°62
, avril 2005.