Le Canard en plastic N°1
Pas étonnant qu’avec un nom pareil, Le Canard en plastic, flotte sur ces pages un désir d’enfance et d’insolite. Il s’agit pour cette nouvelle revue, qui prévoit deux numéros par an, de barboter dans des eaux littéraires « un peu bizarre(s), paradoxale(s) ou fantastique(s) ». Mais l’art du décalage n’empêche pas la ludicité : Vincent Wackenheim imagine ainsi la solitude du stadier au moment du match ; Antoine Sacques explore, par le biais d’un correcteur désœuvré, la vie rêvée des mots (comme « psoque ») ; Gilles Bailly évoque une société où le livre serait roi, partagée entre « Tourneurs » et « Liseurs », alors qu’Éric Faye arpente un versant insoupçonné du monde-comme-il-va-mal, obligeant Dieu en personne à une mutation ou à un reclassement. Ce Canard, dirigé par Yves Leclere (libraire au Rideau rouge à Paris) publie également un court texte d’Enrique Vila-Matas (extrait de Pour en finir avec les chiffres ronds, 2004) dans lequel Borges est sommé par Victoria Ocampo d’enfiler la perruque de John Lennon… L’ensemble est léger, rafraîchissant, et bien fait, entrecoupé de séries d’images, dont celles, surprenantes, de David Gelot, avec ces personnages qui perdent souvent la boule.
Le Canard en plastic N°1, 124 pages, 12 € (91, rue de la Fraternité 93100 Montreuil) lecanardenplastic@hotmail.fr