Autodidacte, Daniel Danis poursuit sa recherche, il expérimente dans ses spectacles les nouvelles technologies de l’image et du son qui doivent permettre selon lui des avancées vers l’être et sa profondeur et d’entendre-voir le texte. Il invente ce qu’il appelle « l’écriture en 3 D ». Le lecteur en découvrant ce nouveau recueil (La Trilogie des flous, Mille anonymes et l’Ile saline) se pose à un moment ou un autre la question de la vision scénique de l’auteur. Nous sommes plongés dans un matériau incroyable entremêlant rêves et cauchemars, dans une langue à trous. Les mots s’effacent, plus de trois points de suspension signifie par exemple l’absence de plus d’un mot. Je ne, le premier volet de la trilogie se conclut par « Suis-je…… ne… une vie de pierre oubliée ?/…… un pensé…… mille…… hors de…. paroles ?/et un jour…. par nuage…. lune…. pupilles… latées…. fut…. » Nous sommes au cœur du mystère. Là où se rêvent nos énigmes, celles qui nous poursuivent depuis l’enfance parfois. L’écriture de Danis est poétique, lyrique, minérale, végétale, elle est traversée d’images, faisant référence à la sculpture, à la peinture. Des histoires nous sont racontées, comme celle d’un aviateur gravement blessé qui renaît et se rêve femme ou encore la parole de mille anonymes dans une ville minière secouée par une catastrophe. Mais ce sont plutôt des visions qui nous traversent. Les pièces se découpent en planches ou en séquences, nous sommes là aussi dans des références à l’image, avec le film, ou la bande dessinée. La première planche qui ouvre Mille anonymes indique que « Le temps est au jaune du pollen des jours de grand vent. » Une grosse cloche résonne fortement et « Le son éveille le souffle endormi des empierrés./ Trente-trois éternuements. » La pièce se termine au moment des salutations par trente-trois bâillements. Entre endormissement et réveil, les rêves… Rêve de la mort, omniprésente, rêve d’être transformé en pierre, de retrouver une humanité sauvage… Avec cette écriture qui
la trilogie des fous
de daniel danis
L’Arche, 182 pages, 12 €
Théâtre La Trilogie des flous
juillet 2010 | Le Matricule des Anges n°115
| par
Laurence Cazaux
Un livre
La Trilogie des flous
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°115
, juillet 2010.