Fondée en 2016, la maison Anamosa, dirigée par Chloé Pathé, est dédiée aux sciences humaines lisibles. On va se demander si le chroniqueur use encore d’une catégorie nouvelle et on aura tort : Anamosa vient de démontrer avec plusieurs ouvrages très remarqués que l’on peut offrir des essais qui se lisent sans faim – et avec profit. L’austérité académique qui vire à l’hostilité n’est pas du tout un principe de la maison. En choisissant comme marque un mot des Amérindiens Sauks, qui signifie « tu marches avec moi », Anamosa propose de pérégriner confortablement au cœur des idées, des objets et des faits avec des essais et deux revues, la musicale Delta T et Sensibilités. Dans les sciences humaines, le plaisir du lecteur n’est plus un luxe. Explications.
Chloé Pathé, votre parcours a démarré dans l’univers du livre électronique et vous a amenée aux sciences humaines. Qu’a-t-il induit du projet éditorial d’Anamosa ?
Ma première expérience dans l’édition a été chez 00h00.com, une des premières maisons d’édition en ligne, où j’ai passé neuf mois en 2000-2001. J’y repense souvent à cause de l’aventure que ça a été que des personnes que j’y ai côtoyées toute jeune, Jean-Pierre Arbon, Constance Krebs et Bruno de Sa Moreira. Ensuite, j’ai travaillé durant treize ans chez Autrement, de 2001 à 2014, en sciences humaines, où j’ai notamment eu la chance de développer la collection des Atlas, qui demeure un des fleurons de la maison, et les collections d’histoire. Ces deux aventures ont inscrit assez fortement en moi le goût de l’indépendance, de la curiosité pour les supports et du partage je crois, sans parler bien sûr du goût pour ce rôle de passeuse, d’accoucheuse que joue l’éditeur. De mes premiers pas chez 00h00.com, je garde l’attention au numérique, à des expériences de lecture qui peuvent être différentes, mais qui pour moi ne sont pas du tout concurrentielles du papier. Par exemple, tous les titres d’Anamosa existent aussi en ePub, à l’exception de ceux qui sont très illustrés, comme Le Louvre insolent de Cécile Baron et François Ferrier, Mémoire vive de Sarah Gensburger et Déflagrations dirigé par Zérane S. Girardeau. Pour ce type d’ouvrages, il faudrait penser un autre projet multimédia, adapté aux supports numériques… Quant à ma plongée dans les sciences humaines, c’est d’abord un goût personnel, car j’en ai toujours été une lectrice.
La connaissance vous paraît indispensable au fonctionnement d’une société ?
Je crois profondément au savoir, à ce qu’il peut apporter à la construction du citoyen quand il sait se transmettre – cela passe par des écritures, auxquelles nous veillons tout particulièrement. Il m’arrive d’utiliser le terme de « non-fiction », à savoir une écriture et une littérature du réel pour définir certains titres du catalogue, parce que cela s’y prête, mais j’accorde aussi beaucoup d’importance à défendre et assumer celui de « sciences humaines », car il y a l’homme au milieu et que...
Éditeur Chouquettes et godillots
mai 2018 | Le Matricule des Anges n°193
| par
Éric Dussert
Des sciences humaines lisibles et élégamment « habillées », c’est tout le programme d’Anamosa, jeune maison qui sait ce que marcher veut dire.
Un éditeur