Le Hongrois Guyla Krúdy est de ces auteurs magnifiques à qui l’on passe tout. Il nous frappe de ses images, force les doses, abusant allègrement de notre sens du continuum. Doublement bohème et bohême, Krúdy (1878-1933) aura été l’homme des voyages initiatiques et des retours sur soi, une sorte d’Alvaro Mutis dont les tramp streamers auraient été des coches et les cabines des salles de cabaret ou de bordel. Avec Le Compagnon de voyage, l’auteur de N. N. a ajouté quelques pages d’un délire délicieux à son œuvre. Explosent à nouveau son amour des jambes de femmes, la gourmandise de ses racontars et la finesse de ses observations, jusqu’au moment où son fameux voyageur, ce suborneur de jolies femmes, en laisse une s’envoler par la fenêtre en chemise blanche. La nuit, les vierges hongroises voleraient donc.
É. D.
Le Compagnon de voyage, de Guyla Krúdy
Traduit du hongrois par François Gachot,
La Baconnière, 152 pages, 10 €
Domaine étranger Le Compagnon de voyage, de Guyla Krúdy
juillet 2018 | Le Matricule des Anges n°195
| par
Éric Dussert
Un livre
Le Compagnon de voyage, de Guyla Krúdy
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°195
, juillet 2018.