Historien de tempérament bibliographe, Pascal Fouché aura au cours de sa carrière passé plusieurs ponts éditoriaux. D’abord employé chez Gallimard, il a fait partie avec Jean-Pierre Dauphin et Olivier Corpet des cofondateurs de l’Institut Mémoire de l’édition contemporaine (1988), puis, devenu directeur des éditions d’Électre/Cercle de la Librairie, le codirecteur de l’imposant Dictionnaire encyclopédique du livre publié en trois volumes entre 2003 et 2011, une somme francophone indispensable dont il rédigea naturellement la notice « Flip book » du tome II (2005)… Collectionneur passionné de ces petits livres souvent modestes, et négligés au profit des somptueux livres à système pleins de surprises qui se déploient en format objets, figures et volumes, il a réuni une sorte d’internationale du flip book autour de son blog (flipbook.info) où tout ce qui bouge dans le livre trouve place…
Pascal Fouché, que représente pour vous le flip book, cet ouvrage qui intègre le mouvement au livre ?
Ce petit livre qu’on feuillette pour créer une animation rejoint chez moi une fascination pour les techniques du cinéma et de l’animation. Le flip book, c’est le lien entre le livre et le cinéma, entre l’image fixe et l’image animée. La magie du flip book, c’est à la fois sa diversité et son extrême simplicité. On en a tous feuilleté, voire dessiné, quand on était enfants et il est universel parce que l’image prime. C’est probablement pour cette raison que depuis qu’il existe on a continué à en produire à toutes les époques et qu’il s’est renouvelé dans des domaines très différents. Enfin les artistes s’en sont emparés et plus récemment l’Internet lui a redonné une présence inattendue.
Quel est son rapport au livre à système ?
Les spécialistes du livre à système ne considèrent pas le flip book comme faisant partie de cette catégorie. C’est pourquoi il a souvent été dévalorisé et considéré comme un amusement pour les enfants. Il est vrai qu’il est beaucoup plus facile à produire que les livres à système, ce qui explique probablement qu’il y en a bien davantage et dans des genres très variés.
Comment en êtes-vous venu à collectionner des flip books ?
J’ai toujours eu une passion pour le livre et je lui ai consacré toute ma carrière. Quand j’ai commencé à travailler, même si j’étais encore étudiant, j’ai pu acheter des livres dont la forme m’intéressait parce qu’ils sortaient de l’ordinaire : livres miniatures, pop-up, leporellos, blooks, livres d’artistes originaux, et en particulier flip books. Éphémères par nature, plus ils ont été feuilletés plus ils sont abîmés, je me suis aperçu que les flip books étaient, probablement pour cette raison, délaissés par les bibliophiles et très peu conservés par les bibliothèques. Petit à petit, j’en ai réuni un grand nombre et c’est progressivement devenu une collection que j’ai fini par cataloguer et mettre sur Internet.
Vous en aviez écrit l’histoire une...
Entretiens Du vent dans les pages
novembre 2021 | Le Matricule des Anges n°228
| par
Éric Dussert
Réinventer le mouvement grâce au livre, c’est le petit miracle opéré par le flip book, petit frère négligé du livre à système. Pascal Fouché, historien et bibliographe, lui rend hommage.
Un livre