Une ville. Une immense tour. Et en bas, un square, comme un refuge. Là, des personnages offrent au regard leur solitude, leur attente d’on ne sait quoi. L’auteur les présente par une action ou juste une présence : « Maeve. Elle observe les lumières. Yoan. Il reste souvent planté là. (…) Un homme qui court. Il court. » Le temps s’écoule, les jours passent, et les scènes se répètent, quasiment identiques. Eugène salue quotidiennement Claudia qui fume, assise sur un banc, et ne répond pas. Le joggeur court, et la didascalie, toujours la même, nous précise : « L’Homme qui court passe… en courant. Il est muni d’une frontale (…). Les autres le voient passer. » Dans un coin, un écran publicitaire diffuse de belles images qui parlent d’elles et font leur propre promotion. Des rencontres s’amorcent, de menus services s’échangent, des conseils, des aveux. Eugène et Marius entretiennent le parc. Eugène parle constamment, de lui, de la vie, de tout, laissant Marius travailler ; lui posant des questions auxquelles il s’empresse de répondre à sa place. Et puis il y a Gaëtan, chargé par la ville de laver les vitres de la tour. « Il regarde souvent vers le haut. » Depuis l’enfance, il rêve de grimper, toujours plus haut. Cette fois c’est la tour qu’il décide d’affronter. Vaincre la tour pour vaincre la ville. Il s’y risquera. « Il y a quelqu’un en haut », dit Claudia. « La ville l’a pris », réplique Maeve quelques instants plus tard. « Et Marius entre sur scène et commence à nettoyer la tache de sang laissée par le cadavre en avant-centre du plateau. »
C’est un texte surprenant, répétitif, nous proposant des personnages dont on saisit des bribes peut-être essentielles. Qui sont-ils vraiment ? Qu’espèrent-ils ? Que fut leur vie avant ? Adrien d’Hose semble les regarder vivre, comme eux, comme nous. Il nous offre une tranche de vie de ce square et un fait divers dont on devine qu’il n’empêchera pas la vie de continuer, Claudia de fumer et le joggeur de courir.
PGB
Square Edison
Adrien d’Hose
Lansman, 64 pages, 11 €
Théâtre Square Edison
mars 2024 | Le Matricule des Anges n°251
| par
Patrick Gay Bellile
Un livre
Le Matricule des Anges n°251
, mars 2024.