auteur Agota Kristof
A propos
Agota Kristof : l'implacable mécanique
Fuyant la Hongrie en 1956 après l’écrasement de l’insurrection nationale, l’auteur du Troisième Mensonge a échoué en Suisse où elle vit encore aujourd’hui. Après la trilogie des jumeaux, voici Hier, récit d’un exil mis à nu, nouveau volet d’une déchirure que les souvenirs ravivent plus qu’ils ne referment.Rencokntre avec une apatride.
Neuchâtel coule des jours paisibles au bord d’un lac immobile. Les amateurs de ski nautique ont l’air de s’amuser et dessinent d’étranges rondes devant les embarcadères. Quelques groupes en voyage organisé saisissent cet instant privilégié. Plus loin, une demi-douzaine de cygnes font leur toilette comme si de rien n’était.
C’est dans ce curieux décor de carte postale un peu vieilli qu’Agota Kristof a élu domicile, ou plutôt a trouvé refuge. Etonnant endroit de villégiature pour un auteur dont les livres, d’une tristesse infinie, d’une cruelle aridité, semblent guidés par la lumière...
Livres en exil
Agota Kristof n’est pas bavarde lorsqu’il s’agit de parler de ses lectures. Elle s’excuse presque confuse de rester sans voix s’il faut mentionner quelques livres fétiches. Dans son appartement, les pièces lumineuses n’éclairent guère les traces de leur présence. Agota Kristof n’a pas à proprement parler de bibliothèque, simplement quelques étagères disposées dans chacune des pièces qui...
Ecrire, c’est presque suicidaire
L’oeuvre d’Agota Kristof est nourrie d’obsessions. Livre après livre se dessinent les contours d’une prison où s’amenuisent les espoirs de s’en sortir. Son écriture, à bout de souffle, parvient encore à se faufiler le long des ruines calcinées des lieux de sa mémoire. Jusqu’à quand ?.
En écoutant Agota Kristof, on sent une femme déchirée, presque lasse, en quête de cette part d’elle-même que l’Histoire lui a retirée et dont l’écriture exigeante, douloureuse, lui permettrait de retrouver trace. Ses réponses sont hésitantes, souvent silencieuses. Depuis le succès de ses livres, elle s’est sûrement aguerrie à l’exercice de l’entretien, ressassant les mêmes réponses aux mêmes...
Ouvrages chroniqués
L' Analphabète
de
Agota Kristof
2004
Dix après la disparition d’Agota Kristof, réédition de L’Analphabète, unique récit autobiographique de l’auteure du Grand Cahier. Un texte sur l’exil et l’écriture aussi fulgurant que poignant.
Les ennemis d’Agota Kristof, ce sont les langues. D’abord, il y a l’allemand, langue qui rappelle la domination autrichienne. Ensuite, il y a le russe, que parlent les militaires qui occupent son pays, la Hongrie. Le russe devient obligatoire dans les écoles, toutes les autres langues étrangères sont interdites, ordre du Petit Père des peuples. À cette époque, Agota Kristof n’est qu’une gamine. Elle se souvient des professeurs obligés de suivre des cours accélérés de russe, mais personne, adultes ou élèves, n’a envie de l’apprendre, ce serait abdiquer devant Staline, ce serait renier...
Clous
de
Agota Kristof
2016
Une parution posthume, largement inédite, présente les écrits hongrois d’Agota Kristof qui renoue ici avec sa langue maternelle.
Dramaturge et romancière, Agota Kristof s’est fait connaître dès 1986 par La Trilogie des jumeaux, que son enfance passée en Hongrie, où elle est née, en 1935, à Csikvánd, lui a inspirée. En 1956, elle fuit son pays et gagne la Suisse. Dans L’Analphabète, son seul récit autobiographique, elle révèle que depuis ses plus jeunes années la poésie l’obsède : les phrases, écrit-elle, tournent autour d’elle, « chuchotent, prennent un rythme, des rimes, elles chantent, elles deviennent des poèmes ». Ainsi, recomposera-t-elle de mémoire ses poèmes hongrois, alors que définitivement installée à...
L' Heure grise et autres pièces
de
Agota Kristof
C’est par le théâtre qu’Agota Kristof, suisse d’origine hongroise, fit ses premiers pas d’écrivain de langue française. A partir de 1971, elle s’essaya au genre jusqu’au succès de son premier roman Le Grand Cahier, paru en 1986. Ce recueil représente une partie de sa production théâtrale. On y retrouve son univers familier, en moins convaincant : les quatre pièces jettent un regard très noir sur l’existence, sans se départir d’une certaine forme d’ironie. Cloîtrés dans un enfermement souvent morbide, ses personnages, rongés par l’ennui ou la déchéance, essaient par tous les moyens (folie,...