auteur Antonio Lobo Antunes
A propos
Fado Antunes
Auteur d’une des œuvres mondiales les plus imposantes du XXe et XXIe siècles, le Portugais António Lobo Antunes poursuit inlassablement son exploration de la condition humaine. Ante et post-mortem. Ancrés dans le sol portugais, ses romans atteignent à l’universalité. Et transmettent à leurs lecteurs une émotion qui n’est pas près de s’éteindre.
Un nouveau livre d’António Lobo Antunes est toujours une promesse de fulgurances serties au cœur d’une mélodie mélancolique, faite de ressassements et portée par des voix qui viennent de loin, qui ont connu la camarde et l’ont accueillie en même temps que le murmure des lauriers, le souvenir le plus enfoui de l’enfance, des bribes de conversation. C’est aussi, pour qui a la chance de pouvoir le rencontrer, le rendez-vous parisien dans le quartier de son éditeur Christian Bourgois. On se souvient qu’en 2009, l’homme était volontiers rieur, laissant à ses seuls yeux bleus l’expression...
Au cœur des ténèbres
Composé sur le rituel de la corrida (Avant la corrida, Tercio de capote, Tercio de piques, Tercio de banderilles, La faena, La suerte suprême, Après la corrida), le nouveau roman de Lobo Antunes étire un dimanche de Pâques pour le rendre poreux au point d’accueillir tous les dimanches et tous les pâques en lui. C’est ce jour-là que la mère d’une famille d’éleveurs de taureaux va mourir....
Bibliographie
Ouvrages chroniqués
La Dernière Porte avant la nuit
de
Antonio Lobo Antunes
2022
Dans son nouveau roman, António Lobo Antunes offre au polar une partition musicale à la J.S. Bach : une œuvre monumentale pour arrêter le temps.
L’histoire pourrait faire trois lignes dans un journal. Quatre types mandatés par leur « patron » massacrent un homme d’affaires qui fut leur ami. Ils le tuent armés de coup-de-poing américain dans un garage sous les yeux de sa jeune fille que la victime demande d’épargner. Ils feront ensuite disparaître le corps dans un fût rempli d’acide qu’ils iront déverser dans la rivière. Laissant l’enfant seule et en vie, priant pour que leurs cagoules l’empêchent plus tard de les reconnaître. Pendant ce temps, le « patron », notaire véreux, participe à une « réunion de l’Ordre » censée lui forger...
Jusqu’à ce que les pierres deviennent plus légères que l’eau
de
Antonio Lobo Antunes
2019
Tendu par une force d’évocation hors du commun, le nouveau roman d’António Lobo Antunes se place au cœur d’une œuvre magistrale, titanesque.
Il y aurait, pour parler du nouveau roman d’António Lobo Antunes le choix d’une trahison à faire. Raconter l’histoire suppose qu’on adopte un temps narratif : au présent, ce serait évoquer un vieil homme que sa guerre d’Angola obsède et qui attend avec sa femme, que son fils adoptif les rejoigne dans un village du Portugal où est sanctuarisée la tradition familiale. Ce fils-là est noir, a été ramené de la guerre comme on rapporte l’indéfectible marque d’une culpabilité et est affublé d’une femme, « son Excellence » dont le mépris pour son mari se nourrit aux sources d’un racisme...
Que ferai-je quand tout brûle ?
de
Antonio Lobo Antunes
2003
En les plongeant au cœur des ténèbres, Lobo Antunes libère ses personnages pour qu’ils flottent à la surface du roman, ombres de nos amours déchues.
C’est un fleuve puissant. Peut-être le Tage quand il « finit par se jeter dans l’océan pour s’y perdre dans une sorte de soupir ». On y plonge et nous voilà emportés, délicieusement emportés, non vers l’horizon nu de la mer, mais, à contre-courant vers l’amont. C’est Paulo qui parle d’abord et sa voix est un fleuve qu’on va remonter pour, affluents chargés d’émotions, croiser d’autres voix : celle de Carlos, père présumé et travesti, celle de Judite, mère meurtrie et alcoolique, celles de Madame Helena et de son mari qui élèveront l’enfant sans identité dans une maison où les photos...
Mémoire d’éléphant
de
Antonio Lobo Antunes
1998
Traduit en français pour les éditions Christian Bourgois, le premier roman d’António Lobo Antunes, Mémoire d’éléphant, devrait sortir en 1997. Sa parution concluera la première trilogie de l’écrivain à laquelle sont rattachés Le Cul de Judas et Fado Alexandrino. Voici les premières pages du premier roman du Portugais.
Il travaillait dans l’hôpital où son père avait exercé et où très souvent, pendant son enfance, il l’avait accompagné : un ancien couvent avec, sur la façade, une horloge de mairie de village, une cour aux platanes rouillés, des malades en uniforme errant au hasard abrutis par les calmants, le sourire gras du concierge retroussant ses lèvres vers le haut comme s’il allait s’envoler : de temps en temps, métamorphosé en encaisseur, ce Jupiter aux visages successifs surgissait devant lui au coin de l’infirmerie, sa serviette en plastique sous l’aisselle, en brandissant un bout de papier...