auteur Lydie Salvayre
A propos
Toute la chair des livres
Fille d’exilés politiques espagnols, Lydie Salvayre n’a eu de cesse de faire de la littérature un lieu où habiter en compagnie des « chiens crottés » à l’honneur rendu, dans l’exubérance d’une langue nourrie par la vie même. Celle de l’enfance, celle des exilés, celle des livres lus.
Ils ne sont pas si nombreux, les auteurs français, à nous faire jouer des zygomatiques tout en balayant le spectre complet des émotions. Pas nombreux, non plus, ceux dont les livres pourraient servir de viatiques à nos vies et dont la cruauté est une arme libératrice. Lydie Salvayre est de ceux-là, que les lecteurs ont découverte surtout à partir de l’impeccable La Puissance des mouches (1995) suivi de La Compagnie des spectres (1997). Depuis, et malgré de laborieux passages dans des émissions de télé, la romancière est suivie par un noyau conséquent de lecteurs. Combien ? Elle l’ignore....
Les bienfaits de la conversation
De prime abord hilarant, La Conférence de Cintegabelle évoque toutefois la maladie du langage qui touche notre fin de siècle.Pas si drôle que ça.
Nous voici convoqués à l’audition d’une conférence donnée par un Cintegabellois que l’on imagine aisément président d’une société savante locale. Le bonhomme passerait avec succès un casting pour jouer un personnage de Beckett. Il s’est mis en tête de voler au secours de sa propre gloire en même temps que de celle de la France. Conscient que le monde dans lequel il vit nécessite quelques...
Crampes (livre de Nycéphore, extrait inédit d’Onuma Nemon)
Le livre de Nycéphore fait partie du monumental OGR d’Onuma Nemon. En voici un extrait inédit.
La première Figure qu’ON retient, c’est le Trapèze. « Le Père faisait du Cirque ; et quand il déployait sa musculature, ça rendait un sacré boucan ; le petit père ; du raffut, malgré le fait qu’on n’avait ni raffiot ni cacugne. »
Depuis ce jour où il avait raté la barre et s’était écrasé sur les serres des maraîchers face à notre campement, où on l’avait vu sortir, dévitré, sanguinolent,...
Ouvrages chroniqués
Irréfutable essai de successologie
de
Lydie Salvayre
2023
Sous couvert de passer notre époque aux rayons x de sa verve, Lydie Salvayre réussit l’exploit de nous faire rire en exposant crûment les travers de notre société. Avec brio.
C’est peut-être avec La Conférence de Cintegabelle (Seuil, 1999) que Lydie Salvayre a inauguré un genre qui lui permet de revêtir l’armure de Don Quichotte. L’art de la conversation, celui de l’éducation sexuelle avec Petit Traité d’éducation lubrique (Cadex, 2008) ou aujourd’hui l’art de réussir sont autant de chemins de traverse pour prendre à rebours les moulins à vent médiatico-politiques de notre époque. Et de pointer, d’un index vengeur, les fâcheux qui organisent avec délectation le naufrage d’une civilisation du livre, de la pensée pour la livrer tout entière au divertissement...
Hymne
de
Lydie Salvayre
2011
À partir de l’hymne américain joué à Woodstock en 1969, Lydie Salvayre compose un hymne à Jimi Hendrix. Et montre qu’en 1970, il est mort de ce qui nous tue aujourd’hui.
Lydie Salvayre n’est pas une biographe. Même si elle a consacré son livre précédent à l’éditeur Bernard Wallet (BW, Seuil 2009), ce n’était pas tant pour raconter la vie de son compagnon que pour y souligner ce qui, à ses yeux, fait sens pour notre époque. De même ici, avec Hymne, tout entier voué à Jimi Hendrix, la romancière s’attache à faire surgir d’un destin singulier les colères, la compassion, l’admiration et la réflexion qu’il génère. Il ne s’agit pas tant de raconter, que de mettre en lumière, dans la perspective historique, politique et humaine le parcours et l’art d’un homme...
Marcher jusqu’au soir
de
Lydie Salvayre
2019
Dans un récit ironique, enlevé et mordant, Lydie Salvayre mène une réflexion intime sur l’art. Avec au bout, un bras d’honneur fait à la mort.
Invitée par Alina Gurdiel à passer une nuit au musée Picasso dans la compagnie de L’Homme qui marche de Giacometti, pour en écrire un texte, Lydie Salvayre déploie une réflexion virulente sur les musées pour justifier de son refus catégorique. Dès l’exergue qui cite Baudelaire (« Qu’est-ce que l’art ? Prostitution »), elle s’arc-boute sur son rejet d’un art institutionnalisé. Et pour combattre la tentation, la romancière associe à un uppercut ravageur un jeu de langue rapide et souple : ses phrases piquent à droite, plongent à gauche et sa frappe touche au plexus. Dès l’incipit qui nous...
Portrait de l’écrivain en animal domestique
de
Lydie Salvayre
2007
Lydie Salvayre prend le parti de rire d’une société à pleurer. Et dresse le portrait drolatique du capitalisme vulgaire et cynique, autant dire : mondial.
Dans une rentrée littéraire où le besoin de publier fait parfois tomber sous la main du lecteur des livres qui lui tomberont ensuite sur les pieds, il est des romans qui rafraîchissent, donnent un élan à la lecture, accrochent du soleil au coin de la bibliothèque. C’est le cas du nouvel opus de Lydie Salvayre, qui se lit avec une allégresse constante. Pas tant pour son sujet, d’ailleurs, que pour le rythme d’une prose qui sait varier ses effets. La narratrice est donc une romancière que le roi du hamburger vient de s’attacher afin qu’elle fasse l’hagiographie de Lui-même, Tobold. Ce...
Passage à l’ennemie
de
Lydie Salvayre
2003
En incarnant un inspecteur des RG, Lydie Salvayre balaie l’ordre sécuritaire d’un grand éclat de rire.
Voici un fonctionnaire comme les aime notre ministre de l’Intérieur : obséquieux envers la hiérarchie et prêt à tout pour remplir sa mission. Inspecteur aux Renseignements Généraux, le narrateur écrit à ses chefs une série de « notes blanches » pour rendre compte du travail qu’on lui aurait confié : infiltrer des délinquants. Nous lisons donc une série de courriers envoyés par notre héros du 6 janvier au 29 août 2003. Des notes blanches, qui, sous l’emprise du haschich et de l’amour vont prendre pas mal de couleurs et de liberté…
Avant d’évoquer le style littéraire propre au rapport...
Le Vif du vivant
de
Lydie Salvayre
Écrit tel un chant révolutionnaire, plein de ferveur et de rage, l’hommage de Lydie Salvayre à Picasso sonne comme une charge contre notre époque.
D’avril à octobre 1964, Picasso a rempli trois carnets à dessins de portraits d’hommes, femmes et surtout de couples en action. Presque soixante-dix de ces dessins sont ici reproduits avec une belle précision (on ne reprochera à l’éditeur que la fantaisie brouillonne du foliotage), dont quelques-uns dans une quadrichromie qui transmet toute l’énergie et toute la force du trait de Picasso. Face à cette source vive, le texte de Lydie Salvayre...