La rédaction Martine Laval
Articles
Demain, je vivrai
José Vieira, fils de travailleur portugais, fait le récit de son enfance dans un bidonville. Un texte fort, pudique et politique.
À l’école, il se tient à carreau. En quelques mois, il a appris le français, appris à encaisser les railleries des autres gosses. Il ne connaît pas les feuilletons de l’époque, Zorro, Thierry la fronde. Chez lui, il n’y a pas de télé encore moins d’électricité. Quant à l’eau, il faut vaincre une boue gluante pour aller remplir ses seaux. La maison de José Vieira, c’est une baraque, une parmi tant, plantée le long de la nationale 20, du côté de Massy. Au loin, des immeubles qui, le soir, s’illuminent comme un rêve inaccessible. Le village de José Vieira s’appelle Bidonville. Il a...
Un auteur
L’éternel retour
Après Retour à Reims, le philosophe et sociologue Didier Eribon récidive avec La Société comme verdict. Un récit poignant en forme d’analyse de la domination et de la reproduction sociales.
Dans la famille de Didier Eribon, « gens de peu » pour reprendre la formule de Pierre Sansot, il n’était pas question d’études, encore moins que ce fils – un ingrat ? un traître à son milieu ? –fasse l’ascension d’un monde a priori inaccessible pour lui : devenir un intellectuel.
Didier Eribon est désormais sociologue et philosophe. À la soixantaine venue, le théoricien, auteur de nombreux...
Le grand passage
Il y a la vie, ce hasard qui vous fait naître à une époque, dans un lieu, une famille. Il y a cette destinée qui empêtre les corps et les esprits, jusqu’à l’étouffement. Et puis il y a les rêves, d’évasion, de plénitude, de libération, d’amour, des rêves de quatre sous mais bien trop immenses pour pouvoir les nommer, surtout quand on a 13 ans. « J’aurais voulu toujours vivre dans un dessin »...
Ce que disent les morts et les vivants de Jean-Marie Dallet
Les écrivains n’ont pas le monopole des états d’âmes. Lorsqu’ils s’épanchent sur leur douleur au travail, entre autofiction et autoflagellation, ils deviennent vite ennuyeux. Jean-Marie Dallet a déniché une parade. Puisque la famille et sa farandole de relations lourdes sinon tordues laisse trop d’empreintes jusqu’à l’asphyxie (ou la page blanche), autant régler ses comptes une bonne fois...
juillet 2013
Le Matricule des Anges n°145
Mammouth de Antonio Pennacchi
Après trente années de labeur, Antonio Pennacchi pose son bleu de travail et sa carte de syndicaliste. Il s’inscrit à l’université (il a 40 ans) et écrit. « Comme tous les ouvriers, j’aimais mon usine, ses ateliers, ses machines. Il m’arrive de rêver, la nuit, qu’on me redemande d’y travailler. Parfois cela me remplit d’anxiété, car il me faut surmonter une fois de plus la période...