La rédaction Martine Laval
Articles
Demain, je vivrai
José Vieira, fils de travailleur portugais, fait le récit de son enfance dans un bidonville. Un texte fort, pudique et politique.
À l’école, il se tient à carreau. En quelques mois, il a appris le français, appris à encaisser les railleries des autres gosses. Il ne connaît pas les feuilletons de l’époque, Zorro, Thierry la fronde. Chez lui, il n’y a pas de télé encore moins d’électricité. Quant à l’eau, il faut vaincre une boue gluante pour aller remplir ses seaux. La maison de José Vieira, c’est une baraque, une parmi tant, plantée le long de la nationale 20, du côté de Massy. Au loin, des immeubles qui, le soir, s’illuminent comme un rêve inaccessible. Le village de José Vieira s’appelle Bidonville. Il a...
La grande évasion
Une cellule de prison. Quatre hommes. Pour conjurer la mort, ils s’inventent des histoires. Maudit soit l’espoir de l’écrivain kurde est un huis clos infernal.
Il était une fois une ville où vivaient des aveugles. Tous naissaient aveugles. Un jour, les yeux d’un enfant se sont ouverts. Le petit regarde ce qui l’entoure. Lui seul voit la réalité. Les hommes prirent peur, effrayés par cette subite maladie, effrayés qu’une épidémie ne les transforme à jamais. Alors, les hommes tuèrent l’enfant. Lecteur, reprend ton souffle. « Ici, on lynche ceux qui...
Ma ZAD de Jean-Bernard Pouy
Voilà plus de dix ans qu’il n’avait pas mis les pieds à la Série Noire, occupé à d’autres déambulations, d’autres productions éditoriales (Le Poulpe, entre autres). Jean-Bernard Pouy fait son come-back dans la mythique collection jadis jaune et noire et du coup lui redonne des couleurs vives, de la vigueur, du panache. Amoureux indécrottable de la littérature populaire, du roman noir, de la...
Ne me quitte pas
Abandonner sa langue maternelle, choisir le français pour écrire l’indicible, et ainsi donner vie au père enfui. Un premier texte tonique.
Les pères, c’est pas marrant. Un jour, ils disparaissent, ni vu ni connu, ils sont ailleurs, peut-être même ils meurent, allez savoir. Les pères laissent un grand vide, du silence ou des questions à l’infini, c’est du pareil au même. Les pères donnent naissance à des fractures, genre irrémédiable, truc qui ne cicatrise pas, et ils s’en foutent. Ils font de leurs gosses des canards boiteux, en...
Rêve général !
Pour sauver le monde – et son pays –, l’écrivain argentin redonne vie à l’imaginaire et le pouvoir aux livres.
D’abord, il y a le ton, léger, presque primesautier. Tiens tiens, se dit-on, enfin un roman joueur, qui respire en grand. Tiens, tiens, se dit-on encore, il est bien sympathique ce narrateur mélancolique en diable qui s’interroge sur son lit, vestige d’une nuit agitée : « Une pensée étrange m’a traversé l’esprit. Une idée qui semblait appartenir à un autre. Si quelqu’un pouvait lire, dans les...