La rédaction Valérie Nigdélian
Articles
Une révolution amoureuse
Penser ensemble lutte des classes et lutte des sexes ? Un portrait tout en nuances d’Alexandra Kollontaï, figure féministe centrale et singulière de l’Union soviétique naissante.
En 1970, le monde aura suffisamment changé pour que les mots de « propriété privée », « guerre », « faim » ou « monnaie » n’aient plus de sens. L’État, ayant achevé son processus de dissolution, aura laissé place à une fédération de communes auto-organisées où régnera l’égalité, sans riches ni pauvres, sans dominants ni dominés. La cellule familiale bourgeoise ayant fait long feu, hommes et femmes y vivront selon leurs règles et désirs, au gré de libres combinaisons amoureuses et érotiques…
Nous sommes en 1922 quand « celle qui fut la plus authentique représentante du féminisme...
Décollage immédiat
Parce que « les nerfs du cul sont (…) reliés au cerveau et de là produisent des phrases », Nathalie Quintane interroge le sexe et la littérature. Impatient, burlesque et agité.
Elle a imposé avec Remarques et Chaussure (1997) sa « myopie phénoménale », écrivant si près de l’objet que, sous l’évidence et le prosaïsme, se révélaient une déroutante étrangeté et l’illusoire présence de la réalité. Une dizaine de textes plus tard, publiés pour l’essentiel chez P.O.L, Nathalie Quintane façonne avec Crâne chaud un nouveau dispositif, non moins déconcertant que les...
L’éternel retour
Après la catastrophe, sur les cendres froides de la fin de l’Histoire, Russell Hoban raconte l’indigente épopée de la renaissance du sens.
Livre culte ? En tout cas celui par lequel, en 1980, Russell Hoban, alors plus connu pour ses nouvelles pour enfants et sa capricieuse Frances, entra de plain-pied en littérature anglaise pour, si l’on en croit Will Self ou Anthony Burgess, s’y imposer comme l’un de ses grands maîtres.
Livre unique s’il en est, puisqu’il invente, page après page, son propre langage, le riddleyspeak ou...
Il n'y a pas de grand soir de Christel Périssé
Il est des êtres dangereux à aimer », solaires à effacer jusqu’à votre ombre, si vivants qu’il faut s’en arracher pour simplement continuer à respirer. « Le père » est de ceux-là, ogre magnifique, roi impérieux, exerçant sur ses femmes, ses filles, ses élèves une violente fascination. Ce que dépeint, d’une voix pudique et ferme, ce premier roman de Christel Périssé, n’en est pas le pourquoi...
Au-delà de l’ennui
Sous la lumière blafarde des néons, le portrait d’une Amérique perdue mais héroïque ? Un savoureux western à la sauce postmoderne, servi par David Foster Wallace.
Un manuscrit de 250 pages, et des centaines de papiers, notes ou carnets couverts de textes plus ou moins aboutis, sans indication de plan ou de trame : ce « quelque chose de long » sur lequel l’Américain David Foster Wallace travaillait avant d’aller se pendre le 12 septembre 2008, paraît ces jours-ci alors que sort, outre-Atlantique, la première biographie qui lui est consacrée1.
Ce « long...