RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Du voyage en train
Plein de mystères encore, Bernard Waller était le plus discret des romanciers. Dubalu, son représentant de commerce, révèle avec humour et subtilité un univers de personnages désarçonnés et touchants.
Il faut souvent plus qu’un miracle pour que les créatrices et créateurs qui ont choisi la discrétion contre les feux de la rampe sortent de l’ombre. Le romancier Bernard Waller en est la démonstration achevée. Au point qu’on ignorerait presque sa date de naissance. Selon les sources observées, il serait né en 1933, en 1934 et en 1937, et apparemment ce serait plutôt en 1935. Et puis la camarde s’est chargée de mettre tout le monde d’accord. Il est bel et bien mort en 2010 (le 13 juin à Paris ?). Naturlich, aucune nécrologie publiée dans Le Monde ou Le Figaro. On n’y a droit que lorsqu’on...
Un livre
Des hommes passèrent...
de
Marcelle Capy
Honte aux assassins professionnels
Journaliste et militante féministe aux côtés de Séverine, Marcelle Capy (1891-1962) fut une infatigable militante de la paix.
Tandis qu’un président de la République confond le peuple, la foule, sa tante, et la pédale de droite avec celle de gauche, les éditions La Thébaïde ne confondent pas la roupie avec le sansonnet : c’est bien dans leur collection « L’esprit du peuple » qu’elles ont inscrit le Prix Séverine 1930 ressuscité, c’est-à-dire Des hommes passèrent signé Marcelle Capy aux éditions du Tambourin, une...
À pas lents vers l’horreur
Cinéaste, romancière, directrice de théâtre de marionnettes ou peintre, Lorenza Mazzetti connaissait assez la mort pour célébrer en toutes choses les beautés du monde.
Le cœur de Lorenza Mazzetti aura toujours balancé entre le cinéma et la littérature. Mais l’Italie, pourtant berceau de Cinecittà, ne laissait guère aux femmes le premier rôle durant l’immédiat après-guerre. Elle eut sans doute l’opportunité de se tourner vers le roman, ou le récit masqué, mais puisqu’elle était finaude, trouva à émigrer au bon moment à Londres lorsqu’elle eut...
Éthologie du goulag
Dissident soviétique, l’Ukrainien Gueorgui Vladimov a connu la disgrâce, notamment pour avoir décrit la brutalité des camps par le truchement d’un chien de garde.
Attrape-le, Rouslan, Attrape-le », c’est l’ordre que le chien de goulag attend, tout son « service » durant. Il est dressé pour ça, et lorsqu’il commet un impair, fraternise avec les prisonniers – si c’est possible – ou se montre incapable de mordre brutalement le mollet ou le bras qui ont commis le crime de ne pas se tenir dans le rang, de toucher son « maître », le gardien, et pire, de fuir...
Un auteur
Une Iroquoise en plat pays
Auteure d’aphorismes, poète et escrimeuse, Emma Lambotte incarna un mélange d’esprit, de tendresse et de douce ironie.
On la surnommait L’Iroquoise, et Laurent Tailhade, que lui avait présenté le peintre James Ensor, lui prévoyait le destin littéraire de Marguerite Burnat-Provins et de Colette Willy. La postérité fut plus modeste, et même un peu trop mesurée. Emma Lambotte, qui s’est éteinte àWilrijk (Anvers) dans sa quatre-vingt-septième année, le 18 mars 1963, reçut des hommages qui mettaient en évidence...